La Syrie et les médias
12 août 2013L’information de l'attaque du convoi présidentiel avait été donnée par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Comment savoir qui dit vrai dans un pays dont les journalistes étrangers sont exclus et où les journalistes syriens critiques sont poursuivis, voire emprisonnés ou même tués ? "La Syrie et les médias", c’était le thème d’un débat organisé par l’institut de formation de notre radio, la Deutsche Welle Akademie.
Fausse libéralisation médiatique
En 2000, avec l’arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad, les Syriens ont cru que le paysage médiatique allait se diversifier. Mais l’espoir a été de courte durée. Les quelques médias privés qui ont été autorisés servaient eux aussi le régime. Houssam Aldeen, ancien professeur et metteur en scène de théâtre devenu journaliste se souvient de cette époque :
« Être journaliste était très risqué. Pour garantir ma sécurité et celle de ma famille, je n’utilisais pas mon vrai nom, je falsifiais des documents. J’avais 5 villes officielles de résidence. À ce moment-là, si vous vous faisiez arrêter, il suffisait de payer et vous étiez libéré. »
Un métier à haut risque
La situation des reporters a empiré avec le conflit qui oppose les partisans du président et les rebelles depuis mars 2011 :
« Si vous êtes arrêté, ils ne vont pas se contenter de vous mettre en prison. Ils vont sans doute vous tuer. Il y a aussi le risque d’être pris dans un échange de tirs, ou d’être tué par un bombardement aérien. »
Houssam Aldeen, correspondant pour la BBC, CNN ou encore France 2, a été arrêté 5 fois :
« Uniquement parce que je travaillais avec des étrangers, ça leur suffit comme excuse. La dernière fois, ils ont découvert que j’étais journaliste. J’ai alors décidé de quitter la Syrie et j’ai réussi. »
C’était à l’automne 2012. Depuis, Houssam Aldeen essaie de faire son travail de journaliste depuis l’Allemagne :
« J’ai un réseau extrêmement développé sur place, avec des contacts dans chaque ville, chaque village, et des gens de tous bords. Je communique avec eux régulièrement. Je ne prends pas tout ce qu’ils me disent pour argent comptant, mais je fais mes propres recherches pour vérifier leurs informations. »
Les Syriens s’informent grâce aux journalistes en exil, mais aussi aux activistes de plus en plus présents sur les réseaux sociaux. Malgré la surveillance accrue de la cyber-armée dont s’est équipé le régime du président Assad.