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La Turquie à la croisée des chemins

Yann Durand30 avril 2007

La crise politique en Turquie fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse allemande. L’intervention des militaires et la montée des protestations suscitent l’inquiétude des journaux qui y voient un signe d'instabilité.

Erdogan et Gül ne font pas l'unanimité en Turquie
Erdogan et Gül ne font pas l'unanimité en TurquieImage : AP

L’armée turque menace quasi ouvertement d’un putsch, analyse la Frankfurter allgemeine Zeitung. Certes la cour constitutionnelle doit encore statuer sur la légitimité parlementaire du scrutin, mais les signes belliqueux des généraux et la mobilisation massive dans les rues pour une Turquie séculaire montrent que dans les faits le pays est en état d’urgence.

Erdogan , Gül et l’AKP sont traditionnellement ancrés dans un Islam politique; mais ils ont dépassé le radicalisme, estime la Südddeutsche Zeitung, ajoutant que le processus a été très long et s’explique par l’absence en Turquie d’une majorité favorable à l’extrémisme. Celui qui, néanmoins, oserait tenter de faire de la Turquie un nouvel Iran s’en verrait sanctionné par les électeurs. L’armée ne veut apparemment pas le croire, qui selon le journal doute ainsi de son propre peuple, et cela après 80 ans de République.

Dix ans après Erbakan, il ne sera pas aussi facile cette fois pour les militaires de se défaire d’Erdogan, prédit la Frankfurter Rundschau. Même si l’élection présidentielle venait à être annulée, le premier ministre pourrait sortir vainqueur de l’épreuve de force. Il aurait alors vraisemblablement recours à un nouveau scrutin avec la perspective d’un succès électoral peut-être encore plus important. Mais, conclut le quotidien, dès à présent il est prévisible que la Turquie se dirige vers une dangereuse polarisation.

Le conflit à propos de la voie que prendra la Turquie dans l’avenir demeure fondamentalement virulent, affirme la Tageszeitung de Berlin. Car, entre l’Orient et l’Occident, le pays n’est pas seulement le pont, mais aussi le front où les antagonismes divisent la société. La seule chance de le gérer durablement dans la paix et de trouver un équilibre sans cesse poursuivi, c’est d’édicter des règles démocratiques respectées de tous, avance la TAZ. Qui en premier lieu voit la nécessité de mettre l’armée hors d’état de nuire, sachant qu’ensuite aucun des deux camps ne doit essayer de faire basculer le pouvoir au moyen d’une majorité fortuite comme dans l’actuel parlement. Ce dont la Turquie à besoin c’est d’une nouvelle culture politique.