La victoire de Kabila
17 novembre 2006Avec deux portraits du vainqueur tout d’abord. Pour die Welt, même s’il faut porter à son crédit qu’il a assuré la paix dans ce pays ravagé par des guerres civiles successives, accordé la liberté de la presse et affronté le vote de la population, Joseph Kabila reste un homme de l’ombre, un dirigeant inconnu de son peuple. Il n’accorde par principe aucun entretien à la presse écrite et a même refusé de participer à un débat public télévisé bien que la loi électorale le lui prescrive.
Après avoir brièvement retracé une carrière qualifiée « d’inhabituelle », la Süddeutsche Zeitung reconnaît que Joseph Kabila n’a pas commis de graves erreurs dans ce champ de mines politique qu’a été la récente histoire de la RDC depuis la mort de son père. Et le quotidien de répondre à l’interrogation « qui conseille Kabila ? » : tout son entourage est composé de conseillers issus de la région natale de son père : le Katanga. Un cercle d’influence de dix personnes tout au plus, qui a même été baptisé la « Maffia des Katangais ».
La presse allemande émet également des réserves sur l’avenir de la paix et de la stabilité du pays. A l’instar de l’Abendzeitung, de Munich, qui déclare à ceux qui doutaient de la légitimité de la présence allemande au Congo que les intérêts de l’Allemagne ne sont pas seulement économiques. Nous aussi avons un intérêt à ce qu’un pays dont nous utilisons et exploitons les matières premières soit stable et offre des conditions de vie décentes à sa population. Personne n’a besoin d’un pays qui sombre dans le chaos et ne produit plus que des réfugiés.
Pour la Tageszeitung, la victoire de Joseph Kabila n’est pas un triomphe. Et avec 42 pour cent des votes en faveur de son challenger Jean-Pierre Bemba, l’heure est bien au compromis. En fait, la RDC devrait se réjouir que ce scrutin soit aussi équilibré. Il oblige à la coopération et à la reconnaissance mutuelle. Pourtant, la plupart des commentateurs congolais ne voient pas cette chance et ne soulignent que les côtes négatifs de la situation, regrette le quotidien de Berlin. Un indice clair que ce pays manque profondément de confiance en soi. Et personne ne semble pouvoir lui enlever cette incertitude. Même pas l’Europe hélas qui, après quatre mois de présence militaire, veut prendre sans remords la poudre d’escampette.