L'adieu au pacte de stabilité?
12 mai 2004Une France et une Allemagne qui viennent de renvoyer l’ascenseur à Berlusconi, titre non sans ironie la TAZ, de Berlin. Quelle belle journée que la journée d’hier pour Giulio Tremontoni, Ministre italien des Finances. A la question de savoir s’il fallait envoyer à Rome un petit avertissement en raison du déficit national qui va friser la marque magique des 3%, ses collègues ont décidé en toute bienveillance de reporter la décision à juillet, après les élections européennes qui, comme chacun le sait exige maintenant de partir à la pêche aux voix. L’assurance que l’Italie ferait quelque chose – sans autre précision d’ailleurs – pour respecter cet engagement suffit amplement, ironise le journal, pas besoin de détails supplémentaires.
Une ironie que ne partage pas la Rheinpfalz qui s’inquiète plutôt du manque de sérieux du Ministre fédéral de l’Economie qui continue d’affirmer pouvoir tenir sa promesse de respecter le Pacte de Stabilité, alors que tout indique que ceci est parfaitement impossible. Il est même consternant de voir un ministre renouveler une allégeance à un contrat qu’il ne cesse de violer. Et en faisant semblant de ne rien voir, ses collèges et lui transforment ce pacte de stabilité en un chiffon de papier.
Pour la Süddeutsche Zeitung, c’est l’occasion rêvée pour revoir ce pacte de stabilité. Le quotidien propose qu’à l’avenir, l’Union europénne ne considère plus le seul déficit global mais tienne également compte des endettements qui sont la véritable menace de la stabilité. Un nouveau cap qui doit être imposé contre la volonté des politiciens favorables à l’anarchie de l’endettement.
Pour les Stuttgarter Nachrichten enfin, l’Allemagne est en train de se discréditer complètement. Non seulement, elle viole par trois fois la règle d’airain qu’elle avait elle-même imposée aux soi-disant pays dissipés du sud de l’Europe, mais les promesses qu’elle vient de faire sonnent de plus en plus creux : la crise conjoncturelle a beau être grave et le pacte de stabilité digne de réformes, cet aveu d’impuissance disqualifie Berlin dans le concert des Européens sérieux.