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L'AFC-M23 cible les sites miniers dans le Kivu

7 mai 2025

Alors que les pourparlers se poursuivent à Doha et Washington, les rebelles poursuivent leur avancée. Kinshasa, de son côté, dénonce la fuite de minerais congolais vers le Rwanda.

 Corneille Nangaa, figure de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire à laquelle appartient le M23
Corneille Nangaa, figure de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire à laquelle appartient le M23, est l'ancien président de la Commission électorale de la RDC.Image : Benjamin Kasembe

Dans l’Est de la République démocratique du Congo, l'AFC-M23 continue de consolider son emprise sur les zones minières stratégiques, aggravant une situation humanitaire et économique déjà critique.

Dans la province du Nord-Kivu, les rebelles de l’AFC-M23, soutenus par le Rwanda, contrôlent désormais Rubaya, dans le territoire de Masisi. Cette localité est connue pour ses importantes réserves de coltan, un minerai stratégique dans la fabrication des composants électroniques.

Dans le territoire voisin de Rutshuru, c’est la zone de Lueshe, riche en pyrochlore, qui est passée sous contrôle rebelle. À Lubero, c’est le site aurifère de Mugisha qui est également tombé aux mains des insurgés. La situation est tout aussi préoccupante dans la province voisine du Sud-Kivu où les rebelles ont pris le contrôle de Lumbishi, un centre minier réputé pour sa tourmaline, son coltan, sa cassitérite et son or.

Des combats se poursuivent

Ce mardi (06.05.2025), les combattants se sont emparés de la localité de Luchiga, dans le territoire de Walungu. Les rebelles devraient ainsi s’assurer le contrôle de deux importantes sociétés minières : Twangiza Mining et Banro, toutes deux spécialisées dans l’exploitation aurifère. Une situation qui prive l’État congolais de précieuses recettes fiscales.

Les combattants du M23, qui selon des experts de l'ONU et des Etats-Unis bénéficient d'un soutien militaire rwandais, ont réalisé des avancées rapides dans l'est de la RDC depuis janvier, s'emparant de villes clés et de vastes territoires dans des affrontements qui ont fait des milliers de mortsImage : AFP

Au-delà des pertes économiques, ce sont surtout les populations locales qui paient le plus lourd tribut. "Le problème ne peut pas être réduit au manque d’entrées au trésor public", insiste Manuel Wollschläger, représentant résident de la Fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung.

"Ce qui est vraiment déplorable, c’est que la population prise en otage dans les Kivus fait face à une paralysie des activités économiques dans leur ensemble. Les impacts sur les conditions de vie sont dramatiques", a-t-il précisé.

Pendant ce temps, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tente de faire la lumière sur la contrebande de minerais congolais vers le Rwanda. Réunie lundi dernier à Lusaka, en Zambie, la délégation congolaise a présenté des preuves accablantes concernant des flux illicites de coltan, de cobalt et d’or sortis du pays en dehors des circuits officiels.

Des pratiques condamnées

Le comité de crise pour la paix et la sécurité, engagé dans le suivi de la situation, a fermement condamné ces pratiques et exigé des sanctions contre les responsables. "L’objectif poursuivi, c’est d’affaiblir l’État congolais, maintenir la RDC dans la dépendance, exploiter ses ressources et empêcher son émergence", dénonce Patient Bashombe, coordonnateur du comité.

Il précise : "Nos minerais financent ceux qui nous tuent. Il est temps que les auteurs de cette exploitation illégale soient poursuivis, y compris ceux qui, à l’intérieur du pays, sont complices de ce pillage."

À cette crise sécuritaire et économique s’ajoute une situation humanitaire alarmante. Les déplacements de populations se multiplient dans les zones affectées par les combats, aggravant la précarité et l’insécurité alimentaire dans plusieurs localités du Nord et du Sud-Kivu.