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PolitiqueAllemagne

L'AfD séduit les jeunes électeurs dans l'est de l'Allemagne

23 septembre 2024

Lors des élections dans le Brandebourg, l'extrême-droite a su tirer profit du manque d'orientation, de la désillusion et du quête identité d'une partie de la jeunesse.

Un smartphone sur fond de couleurs du parti AfD
L'AfD parvient à notamment convaincre les jeunes hommes sur les réseaux sociauxImage : Janine Schmitz/ picture alliance

En Allemagne, après son triomphe lors des scrutins régionaux en Thuringe et en Saxe, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne poursuit sa forte poussée dans l’est du pays. Dimanche (22.09.2024), l’AfD a été devancée de peu par le parti social-démocrate du SPD qui a remporté les élections dans le Brandebourg, l’Etat régional qui entoure Berlin.  

Le SPD, qui est la formation politique du chancelier Olaf Scholz, a obtenu près de 31% des voix, contre un peu plus de 29% pour l’extrême-droite.  

Un fait marquant : les jeunes ont majoritairement voté pour l’AfD. Et l’AfD ne se prive pas d’insister sur ce succès sans équivoque. Le parti arrive facilement en tête chez les 16-24 ans, mais aussi chez les 25-34 ans et jusqu’aux électeurs de moins de 60 ans.  

En fait, le SPD a été sauvé par les seniors : ce n’est que chez les plus de 70 ans que les sociaux-démocrates devancent nettement l’extrême-droite, avec 49% des voix contre 17% pour l’AfD.

Björn Höcke, à droite, dirige l'AfD en Thuringe, où son parti a remporté les dernières élections régionalesImage : Christoph Soeder/dpa/picture alliance

Discours anti-immigration féroce 

Hans-Christoph Berndt, qui a présidé une association d'influence néonazie avant de devenir le leader de l'AfD dans le Brandebourg, a clamé que "cet encouragement de la jeunesse prouve que nous sommes l'avenir".  

Pendant la campagne électorale, le parti a pratiqué un ton agressif, misant sur sa rhétorique anti-immigration et appelant à l’expulsion de millions de personnes.  

Le mouvement des jeunes du parti s’est adressé spécifiquement à la jeunesse, n’hésitant pas à diffuser des vidéos et des chansons racistes sur les réseaux sociaux. 

Ce message hostile à l’immigration, aux demandeurs d’asile et aux réfugiés, est aussi porté par une nouvelle formation de gauche radicale, le BSW, qui a elle aussi marqué des points auprès des jeunes.  

Les mobilisation contre l'AfD ont également marqué la campagne électorale, comme ici lors d'un concert contre l'extrême-droite et les idées néonaziImage : Annette Riedl/dpa/picture alliance

L'AfD rencontre les jeunes sur TikTok 

Dans le Brandebourg, la branche régionale de l’AfD est considérée comme particulièrement radicale. Elle est depuis des années placée sous la surveillance des services de protection de la Constitution.  

Alors pourquoi un tel succès auprès des plus jeunes ? 

Selon un rapport sur les enfants et les jeunes du gouvernement allemand, l’AfD parle particulièrement aux jeunes dans les zones rurales, ayant un faible niveau d’éducation et de faibles revenus.  

Pour les toucher, l’AfD est de loin la formation la mieux représentée sur les réseaux sociaux, surtout TikTok, où elle offre des réponses simples et populistes, profitant d’une jeunesse en manque d’orientation et qui a peu confiance en l’avenir.  

Maximilan Krah, star sur les réseaux sociaux, a récemment été exclu du parti.Image : Guido Schiefer/IMAGO

Quête d'identité régionale et extrême-droite décomplexée 

Le démantèlement des infrastructures sociales, une déception générale à l’égard des partis politiques, une jeunesse en quête d’identité explicitement est-allemande, sont devenus autant de facteurs qui pousseraient à voter extrême-droite.  

Il y a aussi le départ de nombreuses personnes qui quittent l’est de l’Allemagne, créant une "frustration de ceux qui sont restés", le tout dans un climat de banalisation des discours de haine et xénophobes. 

Ainsi, explique le rapport, les jeunes électeurs qui s’estiment politiquement représentés par l’AfD, y voient une reconnaissance et une occasion de défendre leur propre identité et leurs valeurs.