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Au Burundi, un triste souvenir laissé par Pierre Nkurunziza

Antéditeste Niragira
18 mai 2020

Alors que le Burundi s'apprête à aller aux urnes ce mercredi 20 mai, l'affaire du gribouillage dans laquelle des jeunes écoliers ont été arrêtés, restera un des tristes souvenirs du mandat du président sortant.

Burundi Schulkinder und Denkmal der Einheit in Muramvya
Image : DW/A. Niragira

"Je n’ai jamais compris ce qui m’est arrivée" - Aline Irakoze, une lycéenne

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C'est une affaire qui avait fait grand bruit. Celle, en 2016, des enfants arrêtés après des dessins. Les écoliers étaient accusés d’avoir griffonné la photo du président dans leurs manuels scolaires. Selon les défenseurs des droits de l'homme, cette affaire illustre de manière tragique l’autoritarisme du pouvoir burundais qui s’en prend à des enfants et des adolescents. Les premiers élèves emprisonnés suite au gribouillage des photos du président habitaient en province de Muramvya, l’ancienne capitale royale du Burundi. 

Relire → Juin 2016 Burundi: HRW dénonce l'autoritarisme croissant

Aline Irakoze, avait 19 ans et était en neuvième année lorsqu’elle a été arrêtée en juin 2016. Après sa libération, deux mois plus tard, elle a changé d’école. "Je n’ai jamais compris ce qui m’est arrivée", raconte aujourd'hui la jeune fille.

Plusieurs élèves accusés d’avoir gribouillés la photo de leur président ont été libérés (Archives - 26.09-2013)Image : picture-alliance/dpa

"Je n’aurais pas bien pu étudier si j’étais retournée dans la même école. Si j’étais restée dans la même classe, je me serais toujours souvenue de mon incarcération". Elle est désormais en dernière année au lycée. "Maintenant, j’étudie bien mais certains de mes camarades me pointent encore du doigt en disant : c’est celle-là qui a été en prison, et ça me dérange beaucoup", témoigne encore l’adolescente.

Absence de preuves

Evariste Nsavyimana, un des parents dont les enfants ont été emprisonnés dans cette affaire de gribouillage, estime que ces enfants ont été accusés sans aucune preuve. "Il n’y avait pas de base légale. S'il y en avait eu, ils auraient dû accuser chacun individuellement", regrette-t-il.

"Beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés sans preuve et sur de simples soupçons parce que pour accuser quelqu’un, il faut qu’il soit pris en flagrant délit, ou bien il faut avoir des charges suffisantes", ajoute Evariste Nsavyimana. 

La fédération des organisations engagées dans le domaine de l'enfance au Burundi a pris le dossier en mains jusqu'à sa clôture en 2019.

Plusieurs élèves ont été poursuivis pour "outrage au chef de l'Etat" (Archives - 25.09.2013)Image : picture-alliance/dpa/T. Schulze

"Les enfants n'avaient aucun intérêt à gribouiller les photos du chef de l'Etat. Nous avons demandé aux autorités judiciaires de mener des enquêtes minutieuses pour éviter que les enfants soient des victimes gratuites. Heureusement, ces élèves sont retournés à l'école. Nous avons apprécié le courage et la bravoure des juges", explique Maître Jacques Nshimirimana, le président de cette fédération.

L’affaire des gribouillages des photos du chef de l’Etat dans les manuels scolaires a concerné plus de 1.000 élèves depuis mai 2016 à l’échelle nationale. Ce dossier a été clôturé en 2019 avec la libération de tous ces élèves.