L'Afghanistan regrettera-t-elle l'ISAF?
29 décembre 2014 « Ensemble, nous avons fait ce que nous nous étions fixé. Avec un mandat clair de l’ONU, nous avons détruit le havre de paix des terroristes internationaux. Nous avons renforcé l’Afghanistan et sécurisé nos propres nations. Nous avions de nombreux défis, militaires, politiques, économiques… mais nous les avons relevés. »
Ce satisfecit est celui de Jens Stoltenberg. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique estime que, conformément au mandat des Nations Unies, les soldats de l’OTAN ont réussi à stabiliser l’Afghanistan, à aider à sa reconstruction après le renversement des taliban, et à démocratiser le pays, pas à pas.
La guerre n'est pas finie
Pourtant, même du côté de l’OTAN, personne n’ose parler de victoire. Il est vrai que les camps d’entraînement d’al-Qaida ne sont plus en territoire afghan, que des élections présidentielles ont pu être organisées dans le pays et que des progrès ont été enregistrés dans la reconstruction de l’appareil étatique, le système éducatif, les infrastructures, la santé…
Mais l’Afghanistan fait toujours partie des Etats les plus corrompus du monde. Et la guerre est loin d’être finie, de l’avis de Thomas Ruttig, co-président de l’Afghan Analyst Network, installé à Kaboul et Berlin.
« Si l'objectif, c'était les taliban, ou plutôt l'élimination des taliban, alors c'est un échec. L'insurrection est toujours là, elle s'est même répandue dans des territoires où les taliban étaient confrontés auparavant à des résistances locales... Et puis la violence a atteint des niveaux encore inégalés en 2010. La guerre s'est intensifiée et il y a eu une escalade dans les deux camps, ce qui fait que les objectifs militaires de l'offensive lancée en 2001 n'ont pas été atteints. »
Plus de 3400 soldats de la coalition internationale sont morts en 13 ans, parmi lesquels 55 Allemands. Côté afghan, les violences font de plus en plus de victimes au sein de l’armée et de la police. Rien qu’en 2014, ils sont plus de 6000 à avoir été tués. Et les civils paient un tribut plus lourd encore, avec plus de 10 000 morts depuis le début de l’année.
La mission qui prend le relais de l’ISAF est une mission de formation, appelée « Resolute Support ». Elle sera composée de treize mille soldats d’une quarantaine de pays différents, dont 850 membres de la Bundeswehr.