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L'agriculture, pomme de discorde à Hong Kong

Anne Le Touzé12 décembre 2005

C’est demain que s’ouvre le sommet de l’organisation mondiale du commerce à Hong Kong. Objectif de la réunion : poursuivre la libéralisation des marchés amorcée en 2001 à Doha. Mais les négociations s’annoncent houleuses. Les points de discorde sont multiples entre, notamment, l’Union européenne, les Etats-Unis et le Brésil : le dossier agricole menace même de faire échouer le sommet. Parallèlement, les organisations non gouvernementales opposées à l’OMC ont prévu des manifestations, dont la première a eu lieu hier à Hong Kong.

Image : AP

Les organisateurs avaient espéré 10000 participants, ils ont été finalement 4000 à défiler pour réclamer l’arrêt de la libéralisation. Un credo résumé ainsi par Oliver Moldenhauer, de l’organisation altermondialiste ATTAC :

« Nous voyons depuis des années que la mondialisation ne fonctionne pas pour les pauvres de ce monde, que les pays en développement ne vont pas mieux et qu’ils sont très nombreux à être abandonnés en chemin. L’OMC veut poursuivre dans cette voie : baisse des tarifs douaniers dans les pays en développement, élargissement des droits sur la propriété intellectuelle et élargissement des règles de l’OMC sur le commerce de services. »

La réunion interministérielle ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Parmi les dossiers épineux, le volet agricole est celui qui risque le plus de bloquer les négociations. L’Union européenne et les Etats-Unis sont en effet montrés du doigt par les autres pays producteurs pour leurs importantes subventions à la production et à l’exportation de produits agricoles. Des aides publiques qui maintiennent artificiellement les prix à un niveau très bas et empêchent toute concurrence de la part, notamment, des pays émergents.

A cela s’ajoute la question des droits de douane pour l’importation de produits agricoles. Là dessus, l’Union européenne s’oppose aux grands pays exportateurs que sont le Brésil et les Etats-Unis. Même si Bruxelles a accepté de lâcher du lest en proposant d’abaisser ses droits de douane de 39% dans le secteur agricole, cela ne suffit pas aux yeux du représentant des 20 pays émergents, le ministre des Affaires étrangères brésilien Celso Amorim, soutenu par Washington, qui réclame une baisse de 54%. Jusqu’à maintenant, Européens, Brésiliens et Américains campent sur leurs positions, ce qui laisse peu d’espoir à l’issue des négociations de Hong Kong. Les altermondialistes obtiendraient alors ce qu’ils espèrent : un échec aussi cuisant que celui de Cancún, il y a deux ans.

Et c’est dans une certaine fébrilité qu’Hong Kong se prépare à accueillir le sommet de l’OMC. Pour éviter les débordements du précédent sommet, où un militant altermondialiste coréen s’était suicidé par protestation, un important dispositif de sécurité a été mis en place. Par ailleurs, trois cents altermondialistes considérés comme radicaux sont par ailleurs interdits d'entrée.