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Etat de droitEurope

L’Allemagne n'exclut pas des sanctions contre le Belarus

10 août 2020

Berlin soupçonne des fraudes dans la réélection d'Alexandre Loukachenko à la présidence biélorusse. La candidate de l'opposition réclame la victoire pour elle.

Manifestation dimanche soir à Minsk. Plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées
Manifestation dimanche soir à Minsk. Plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées.Image : picture-alliance/dpa/V. Drachev

L’Allemagne ne fait pas mystère de ses "doutes" après l’annonce des résultats de la présidentielle au Belarus.
Le président sortant, Alexandre Loukachenko, vient d’être réélu avec plus de 80% des voix pour un sixième mandat. 
L’opposition et des ONG dénoncent des manipulations. Les manifestations organisées dimanche soir pour protester contre les résultats ont été réprimées avec violence : plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées et selon certaines ONG, au moins une personne aurait été tuée et plusieurs dizaines d’autres blessées. 
Le point de la situation au Belarus, un pays que certains continuent de surnommer "la dernière dictature d’Europe".

Vers de nouvelles sanctions européennes?

Berlin condamne le recours à la force des autorités biélorusses contre les manifestants.
L’Allemagne remet également en cause le déroulement de la présidentielle. 
"Nous condamnons les nombreuses arrestations, notamment de journalistes", fait savoir Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement d’Angela Merkel. Il déclare aussi qu'"il est évident que les standards démocratiques minimaux n’ont pas été respectés et cela est inacceptable" du point de vue de l'Allemagne.

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, rappelle "que l'UE a levé ses sanctions contre le Belarus parce que le pays avait fait des pas dans la bonne direction, comme la libération de prisonniers politiques". Mais désormais, le ministre estime qu'il va falloir "discuter au sein de l'UE" pour voir "si [cette levée de sanctions] est toujours valide à la lumière de ce qui s'est passé ces dernières semaines et ces derniers jours."

 

Des dents de vampire sous une moustache : caricature de Sergueï Elkine symbolisant Alexander Loukachenko

Autocrate à la mode soviétique

Alexandre Loukachenko est au pouvoir depuis 26 ans. Il est accusé de diriger le pays d’une main de fer, avec le soutien de la Russie et de la Chine. Ce sont d'ailleurs les deux seules grandes puissances à l’avoir félicité pour sa réélection.

"Si vous êtes contre notre pays, si vous essayez de le plonger dans le chaos et de le déstabiliser, même par des incidents mineurs, vous recevrez une réponse immédiate de ma part. C'est mon autorité constitutionnelle, pourquoi me blâmez-vous?", a-t-il déclaré aux représentants de l'opposition qui dénonçaient la brutalité de la répression.

Depuis son élection en 1994, Alexandre Loukachenko inspirait la terreur, avec son bras armé, le KGB. Plusieurs fois, il a été accusé d'avoir fait éliminer ou au moins emprisonner ses opposants.

Mais depuis quelques mois, le président semble faire moins peur. Sur les réseaux sociaux, il est affublé de surnoms ridicules comme "cafard moustachu" ou encore "Sacha 3%", un sobriquet constitué de son diminutif et du taux de popularité réel que lui reconnaissent ses détracteurs.

Alexandre Loukachenko ne s'attendait sans doute pas à trouver Svetlana Tikhanoivskaïa sur son chemin.

Une novice face au tyran

La candidate d’opposition, Svetlana Tikhanoivskaïa, est créditée, elle, de 9,9% des voix. Mais elle revendique la victoire pour elle et demande au président Loukachenko de quitter le pouvoir :

"Nous disposons des PV de nombreux bureaux de vote, le nombre de bulletins en ma faveur dépasse largement celui obtenu par l’autre candidat. Nous sommes en train de réunir les preuves qui établissent les fraudes. Des gens sont prêts à confirmer officiellement les fraudes dans les bureaux de vote. Nous travaillons d’arrache-pied et là je me rends à la Commission électorale centrale pour contester les résultats."

Cette rivale inattendue a fait son apparition il y a quelques semaines dans la course à la présidentielle, après que son mari a été empêché de se présenter.

L'Europe en émoi
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné elle aussi la répression. Par sa voix, Bruxelles réclame un décompte "exact" des suffrages. 

La Pologne, voisine du Belarus, demande quant à elle un sommet extraordinaire de l'UE pour discuter de la situation. Des manifestations de soutien à l’opposition biélorusse ont été organisées par la diaspora dans plusieurs villes d’Europe, dont Varsovie. 

La carte que peuvent jouer les Européens est celle du "rapprochement" avec l'UE, "encore possible", déclarait le chef de la diplomatie polonaise lundi.

Depuis 1995, aucune élection biélorusse n’a été validée par des observateurs internationaux.

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