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L'Allemagne divisée sur les sanctions contre la Russie

12 juin 2019

Le ministre président de la Saxe, dans l'est de l'Allemagne, a provoqué un tollé en appelant à la fin des sanctions économiques contre la Russie.

Russland Kretschmer und Putin in St. Petersburg
Image : Alexei Nikolsky/Pool Sputnik Kremlin/AP Photo/picture-alliance/dpa

Michael Kretschmer a lancé son appel lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg, provoquant un tollé au sein d'une partie de la classe politique allemande. La cheffe de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, fait partie de ceux qui ont vivement critiqué cette sortie de M. Kretschmer.

Pour les journaux allemands, la polémique rappelle surtout que tous les Allemands, qu'ils vivent dans l'Ouest ou l'Est, n'ont pas le même avis sur les relations que leur pays devrait entretenir avec Moscou.

Le rapport que les Allemands ont face à la Russie rappelle encore aujourd'hui l'ancienne frontière entre la République fédérale d'Allemagne et la RDA, nous dit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

"Alors que les habitants de l'Ouest sont globalement sceptiques vis-à-vis de Moscou, la sympathie pour la Russie s'accentue au fur et à mesure que l'on se dirige plus vers l'est de l'Allemagne." Le journal note que ce sont surtout les populations plus âgées à l'Est qui rejettent la politique de Berlin face à la Russie.

Pour le FAZ, il ne faut pas oublier que la "RDA a été la marionnette de Moscou" et que "pendant plus de 40 ans, un demi-million de miliaires russes y étaient stationnés", que des Allemands de l'est ont étudié en Russie et que celui qui a voyagé dans l'ex-URSS "va confirmer à quel point il a été accueilli la main sur le cœur".

Réaction de rejet

Mais si cette russophilie est juste pour la FAZ, il y a aussi dans l'amour pour Moscou une réaction de rejet face à l'Occident de la part de ceux qui ont mal vécu la chute du mur et accusent l'Ouest d'avoir "imposé ses règles et sa manière de vivre".

L'appel de Kretschmar de mettre fin aux sanctions "rencontre un écho positif en Allemagne de l'est", explique la Süddeutsche Zeitung qui se penche notamment sur les relations économiques entre les régions de l'Est et la Russie.

"Pour des régions comme la Mecklenbourg Poméranie Occidendale, la Russie fait partie des plus importants partenaires commerciaux. D'autres Länder de l'Est dépêchent aussi régulièrement des délégations commerciales dans les territoires russes."

Selon le quotidien, "Vladimir Poutine en a bien conscience". Le président russe a ainsi bien voulu rencontrer le ministre président de Saxe mais pas le ministre allemand de l'Economie, pourtant également présent lors du forum économiques de Saint Petersbourg.

Image : Getty Images/AFP/A. Kenare

La visite ratée de Heiko Maas en Iran

Autre pays qui vit sous le coup de sanctions, c'est l'Iran qui subit la pression diplomatique des Etats-Unis depuis que Donald Trump a décidé de quitter l'accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran en 2015.

Un accord que le ministre allemand des Affaires étrangères a tenté de sauver en se rendant en Iran ce lundi.  Heiko Maas a insisté sur l'Instex, un mécanisme financier qui tarde à voir le jour mais qui permettrait aux pays européens de commercer avec l'Iran malgré les sanctions américaines.

"L'intention est bonne", commente la Tageszeitung, qui estime cependant que ce n'est pas assez, alors que l'Instex met trop de temps à se concrétiser pour convaincre Téhéran.

"Trop peu, trop tard"

"La peur face à Trump semble à Berlin et dans d'autres capitales européennes finalement plus grande que la volonté d'imposer une politique étrangère autonome", ajoute le quotidien. Pour le Spiegel Online aussi, la visite de Heiko Mass "est un échec", selon le principe "too little, too late – trop peu, trop tard".

D'autant qu'il aura fallu attendre 15 mois pour voir le chef de la diplomatie allemande se rendre enfin à Téhéran, où il aurait fallu s'y rendre il y a déjà un an, "de préférence en même temps que les Britanniques et les Français pour montrer à quel point l'accord sur le nucléaire est important pour l'Europe".  Autant de raisons qui ont conduit à un "raté diplomatique annoncé", conclut le Tagesspiegel de Berlin.

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