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L'Allemagne espère une médiation au Proche-Orient

Sandrine Blanchard | Avec agences
20 mai 2021

Heiko Maas a assuré Israël de la solidarité de l'Allemagne. Berlin réclame une trêve et une reprise des pourparlers de paix.

Voyagge de Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, en Israel
Voyagge de Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, en IsraelImage : Reuters/M. Tantussi

L'ONU n'est pas parvenu à adopter une résolution, mais les initiatives diplomatiques se multiplient à l'international pour tenter de calmer les tensions au Proche-Orient.

Le conseil israélien de sécurité examine ce soir la possibilité d’un cessez-le-feu. Dans un entretien téléphonique avec Angela Merkel, Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, s’y dit également favorable.

Dans une interview à la chaîne WDR, la chancelière allemande estime par ailleurs qu’une cessation des hostilités au Proche-Orient ne pourra se faire qu’avec, aussi, des "contacts indirects" avec le Hamas, par le biais de l'Egypte ou d'"autres Etats arabes".

L'Allemagne "solidaire" d'Israël

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas était aujourd’hui en visite en Israël. L’Allemagne a répété sa solidarité avec l’Etat hébreu et annoncé de nouvelles aides aux civils palestiniens de la bande de Gaza. 

Heiko Maas et son homologue israélien Gabi Ashkenazi à Tel-AvivImage : Thomas Imo/photothek/imago images

Le gouvernement d'Angela Merkel a clairement pris parti en faveur d'Israël. La chancelière et son ministre des Affaires étrangères répètent à l'envi que l'Etat hébreu a le droit de se défendre face aux "attaques inacceptables" du Hamas.>>> Lire aussi : Proche-Orient : des accords qui renforcent le désaccord

Un discours qui abonde dans le sens du chef de la diplomatie israélienne, Gabi Ashkenazi :

"Dans les démocraties, il y a la question du choix et de la décision, nous ne pouvons pas nous abstenir de nous protéger, et je voudrais vous dire, mon ami le ministre allemand des Affaires étrangères, que nous utilisons la force de la manière la plus équilibrée et la plus précise pour éviter de blesser les non-combattants."

Un ton plus modéré que celui, très belliqueux, de son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

Heiko Maas a constaté les dégâts à Petah TikvahImage : Dana Regev/DW

Appel de la Croix-Rouge et de l'OMS

La nuit dernière, les frappes aériennes de Tsahal ont continué sur Gaza, ciblant officiellement les domiciles de six responsables du Hamas.

De son côté, le mouvement palestinien a poursuivi ses tirs de mortiers, d'artillerie et de roquettes sur Israël.

Depuis le début de cette escalade, les morts et les blessés se comptent par centaines. La Croix-Rouge estime que des deux côtés, les populations ont un "besoin urgent de répit".

L’Organisation mondiale de la santé appelle aussi à un cessez-le-feu afin d’acheminer de l’aide médicale aux habitants de Gaza.

Un convoi onusien de 10.000 doses de vaccins anti-Covid est prêt à partir pour la bande de Gaza et la Cisjordanie.

En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, des civils ont besoin d'aideImage : Majdi Mohammed/AP Photo/picture alliance

Médiation pour une feuille de route?

Pour un retour au calme, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, préconise une médiation internationale qui relance la dernière feuille de route.

Le chef de la diplomatie allemande plaide pour une tentative de médiation européenne, avec l’appui du Quartett pour le Proche-Orient, qui regroupe également les Etats-Unis, la Russie et les Nations unies. :

"Nous sommes convaincus que la vie dans la sécurité et la paix n'est possible que sur une base permanente, si Israéliens et Palestiniens peuvent chacun vivre de façon autodéterminée. C'est ce que la solution à deux États envisage."

Débat passionné au Bundestag

En Allemagne, le sujet passionne la classe politique. Il y a peu, un responsable du parti social-démocrate avait estimé que l'Allemagne avait le droit de se mêler des négociations de paix puisqu'elle vend des armes à Israël.

Hier [19.05.21], les députés du Bundestag ont débattu avec émotion du conflit, sur fond de manifestations propalestiniennes dans le pays qui prennent parfois des tournures antisémites.

Quand le Proche-Orient s'invite au Parlement, à BerlinImage : ODD ANDERSEN/AFP/Getty Images

Les conservateurs (CDU/CSU), comme la chancelière, martèlent le droit d'Israël - voire son devoir - de se défendre contre les attaques du Hamas.

Au sein de l'opposition, tous les groupes appellent à une fin des violences. Les libéraux du FDP soutiennent toutefois aussi le point de vue pro-israélien du gouvernement.

A l'extrême-droite, l'AfD prétend être une "combattante pour Israel". Le quotidien die tageszeitung s'en amuse, alors que plusieurs membres du parti se sont illustrés ses dernières années par leurs propos révisionnistes et xénophobes.

Les Verts soulignent avant tout l'importance d'un cessez-le-feu. Les écologistes appellent depuis plus d'un an à une relance des négociations en vue d'une solution à deux Etats.

A gauche, die Linke reconnaît la responsabilité particulière de l'Allemagne envers les juifs et l'Etat d'Israël du fait du génocide planifié par les nazis, mais le parti appelle aussi à une reconnaissance au droit des Palestiniens à disposer d'eux-mêmes dans un Etat viable. La gauche estime que le Hamas n'avait pas lancé ses roquettes "sans raisons", même si rien n'excuse de recourir à la violence.