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L'Allemagne et l'Europe face au conflit américano-iranien

6 janvier 2020

Si les déclarations se multiplient, l'Europe semble pour l'instant assez impuissante dans ce conflit. Plusieurs rendez-vous sont néanmoins prévus cette semaine.

Drapeau Iran - Drapeau Union européenne
Image : Getty Images/AFP/E. Dunand

'L'Europe peut contribuer à la désescalade' - Mohamed-Reza Djalili - MP3-Stereo

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Les images sont impressionnantes ce lundi 6 janvier 2020. Une partie du centre de la capitale iranienne était bloqué en raison de l'hommage national rendu à Qassem Soleimani. Le général iranien a été tué par les Américains le 3 janvier. Les Iraniens dans la rue ont une nouvelle fois appelé à la "mort de l'Amérique". Plus tôt, dans la nuit, le président américain Donald Trump parlait de nouvelles "représailles" possible contre l'Iran. Aucune désescalade n'est donc en cours dans ce conflit, bien au contraire et au milieu de cette situation l'Allemagne et l'Europe semblent pour l'heure assez impuissantes.

Que dit l'Europe ?

Hommage national à Qassem Soleimani ce lundi 6 janvier à TéhéranImage : AFP/A. Kenare

En ce début de semaine les déclarations se succèdent. Depuis Berlin, Paris, Bruxelles ou encore Londres, on ne compte plus les annonces de coup de téléphone ou de rendez-vous sur la question. Mais à l'image de Rainer Breul, le porte-parole adjoint du ministère allemand des affaires étrangères, ces prises de parole de la diplomatie européenne restent très générales. "Nous sommes au milieu des choses, nous nous efforçons de parvenir à une désescalade", a dit le porte-parole.

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a pour sa part affirmé que les menaces du président américain Donald Trump de sanctionner l'Irak "ne sont pas d'une très grande aide". Enfin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime "qu'il est dans l'intérêt de l'Iran et particulièrement dans l'intérêt de l'Irak de choisir la voie de la pondération et non la voie de l'escalade"

Que prévoient les Européens ?

S'ils s'en tiennent pour l'heure à des déclarations, les ministres des Affaires étrangères européens doivent aussi se retrouver vendredi à Bruxelles pour une réunion extraordinaire consacrée au dossier iranien. Le Conseil national de sécurité anglais doit se réunir ce mardi. 

Manifestation contre l'escalade des tensions avec l'Iran à New-York le 4 janvierImage : picture-alliance/Zuma Press/C. Sciboz

Et puis la chancelière allemande Angela Merkel doit se rendre à Moscou samedi 11 janvier pour évoquer le dossier avec le président russe Vladimir Poutine. Un rendez-vous avec du potentiel selon le spécialiste de l'Iran et ancien professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève en Suisse, Mohamed-Reza Djalili. "La Russie est devenue ces dernières années, sur la scène politique moyen-orientale, un acteur important", expliquait-il dans lejournal de 17H TU de la DW ce lundi. "Elle a des bonnes relations à la fois avec l'Iran, avec Israël, avec l'Arabie Saoudite. Ainsi, la Russie peut essayer de calmer le jeu dans la région et éviter qu'on aille à une confrontation ouverte entre l'Iran et les Etats-Unis"

Qu'en est-il de l'accord sur le nucléaire ? 

À Moscou, samedi, Angela Merkel abordera aussi la question du traité sur le nucléaire iranien avec Vladimir Poutine. Un accord qui semble enterré : Téhéran a annoncé dimanche sa décision de s'affranchir de toute limite sur l'enrichissement d'uranium. 

Lire aussi → L'accord sur le nucléaire iranien mis à mal

Les Etats-Unis sont sortis de l'accord sur le nucléaire en mai 2018Image : picture-alliance/AP Photo/V. Salemi,

Depuis des mois l'Europe semble assez impuissante dans ce dossier. Mais la situation économique iranienne catastrophique pourrait lui laisser tout de même une marge de manœuvre, selon Mohamed-Reza Djalili. "Si vraiment les Européens s'engagent à compenser un peu les pertes économiques iraniennes, les Iraniens seront ravis", assure-t-il. Et d'ajouter : "Il y a d'autres choses que l'Europe peut faire pour la désescalade, en s'agitant sur la scène diplomatique internationale. L'attaque contre Soleimani n'a même pas été condamnée officiellement, sauf quelques geste du côté de l'Allemagne". 

Les marges de manœuvres existent donc pour l'Europe. Mais il faudra aussi pour Berlin, Paris ou Londres, avoir la confiance de Téhéran. Il y a un an, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni avaient déjà promis de relancer le commerce avec la République islamique pour atténuer les conséquences des sanctions américaines. Aujourd’hui, les investissements se font attendre et l'économie iranienne s'est effondrée encore un peu plus.

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