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L'Allemagne va importer du gaz du Qatar

Georges Ibrahim Tounkara | Jens Thurau
21 mars 2022

L'Allemagne a signé un accord pour importer du gaz du Qatar et réduire ainsi sa dépendance à la Russie. Cet accord avec le Qatar est pourtant critiqué.

Robert Habeck et l'émir du Qatar,Tamin bin Hamad Al Thani
Robert Habeck et l'émir du Qatar,Tamin bin Hamad Al ThaniImage : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture alliance

L'Allemagne a signé un accord pour importer du gaz liquide du Qatar et réduire ainsi sa dépendance à la Russie. Cet accord a été signé lors d'une visite à Doha du ministre allemand de l'Economie et de la Protection du climat, Robert Habeck.

Les pays européens comptent de plus en plus sur le gaz naturel liquéfié comme alternative au gaz russe. La question est particulièrement délicate pour l'Allemagne, dont 55% des importations de gaz viennent de Russie. 

A Doha, Robert Habeck a parlé avec l'émir du Qatar, Tamin bin Hamad Al Thani, ainsi qu'avec les ministres de l'Economie et du Commerce et le ministre des Affaires étrangères. Il a bien sûr été question d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, les thèmes préférés de Robert Habeck qui est du parti des Verts. 

Le Qatar livre environ 30% de son gaz liquide à l'Union européenneImage : picture-alliance/dpa/Tim Brakemeier

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Réduire la dépendance à la Russie

Mais il a surtout été question de gaz, de beaucoup de gaz, de ce gaz dont l'Allemagne a tant besoin en ce moment - après l'invasion russe en Ukraine. 

L'Allemagne veut mettre un terme à sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie sans toutefois remplacer une dépendance par une autre.

"Nous n'allons en aucun cas créer la prochaine dépendance unilatérale mais les différents fournisseurs doivent peut-être avoir une part de 10% ou 20% dans le système de sous-traitance allemand, mais pas de 50% ou plus. C'était tout simplement stupide - indépendamment du fait que ce soit la Russie. Je ne veux plus voir et construire cela avec le Qatar ou d'autres pays. A court terme, j'espère une augmentation du volume de livraison, de sorte que nos terminaux de gaz liquide soient remplis", precise Robert Habeck.

Des terminaux à construire

Après la Russie et l'Iran, le Qatar dispose des plus grandes réserves de gaz naturel au monde. Et il dispose de l'infrastructure nécessaire pour le liquéfier en vue de son transport. 

En 2019, l'émirat a exporté du gaz naturel liquéfié (GNL) pour un volume de près de 107 milliards de mètres cubes. Cette quantité suffirait à couvrir les besoins en gaz de l'Allemagne.

Le Qatar livre environ 30% de son gaz liquide à l'Union européenne. Mais l'Allemagne n'en reçoit presque pas car elle ne possède aucun terminal de GNL, Berlin ayant jusqu’alors misé sur le gaz bon marché acheminé par gazoduc depuis la Russie.

Gazoduc Nord Stream II, reliant la Russie à l'Allemagne, dans le village allemand de Lubmin, au bord de la BaltiqueImage : Michael Sohn/AP Photo/picture alliance

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Deux terminaux de gaz liquide sont en projet mais leur construction devrait encore prendre plusieurs années. En attendant, l'Allemagne devrait utiliser des terminaux dans les pays voisins.

Au cours de son voyage, Robert Habeck a estimé que les terminaux pourraient être opérationnels dans cinq ans. Mais il s’est montré aussi prudent en ajoutant que "de tels projets en Allemagne mettent volontiers trois fois plus de temps à être achevés. Mais peut-être que nous ferons les choses différemment un jour".

Lors de la visite de Robert Habeck au Qatar, puis aux Emirats arabes unis, il s'est agi en premier lieu de restaurer la confiance. Les Qatariens, en particulier, ne se sont pas sentis particulièrement considérés par l'Allemagne ces derniers temps. 

La construction rapide de terminaux est un défi pour le gouvernement allemandImage : LEX VAN LIESHOUT/ANP/AFP/Getty Image

La question des droits de l'homme

Par deux fois, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a annulé des visites dans l'émirat, d'abord à cause de la pandémie, puis plus récemment à cause de la guerre en Ukraine. 

Robert Habeck était accompagné d'une importante délégation économique dont faisait notamment partie Markus Krebber, président du directoire du géant de l'énergie RWE.

L’accord signé avec le Qatar est pourtant critiqué. En remplaçant la Russie par un autre pays où les droits humains ne sont pas respectés, Berlin se retrouve face au même dilemme moral qu’avec Moscou. 

Le gaz russe doit-il donc être remplacé par celui d'un émirat autocratique ? Et cela à l'initiative d'un ministre écologiste ? 

Pour sa défense, le ministre allemand de l'économie a affirmé avoir évoqué les mauvaises conditions pour les milliers de travailleurs étrangers au Qatar. 

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Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle