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L'ANC sort affaibli des législatives en Afrique du Sud

Hugo Flotat-Talon
10 mai 2019

Alors que plus de 95% des résultats ont été dépouillés, le parti de Cyril Ramaphosa reste en tête. Mais il enregistre un score historiquement bas, ce qui pourrait sérieusement compliquer l'action du président.

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L'ANC au pouvoir enregistre son plus mauvais scoreImage : Reuters/R. Ward

Les résultats des législatives en Afrique du Sud sont, à l'heure où nous écrivons cet article, vendredi soir, quasi-définitifs. Près de 95% des bulletins ont été dépouillés, et c'est le Congrès national africain (ANC) du président Cyril Ramaphosa qui l'emporte, avec 57,73% de voix. Mais les résultats de l'ANC semblent s'annoncer comme les plus mauvais de son histoire et annoncent une période compliquée pour la majorité. 

À plus de 62% de voix lors des législatives de 2014, l'ANC descend donc en dessous des 60%. Un score élevé, mais en baisse de quatre points en cinq ans. Une sorte de demi-victoire selon les analystes politiques sur place. 'Il était important pour Cyril Ramaphosa d'obtenir un mandat des électeurs", explique Daniel Silke, analyste politique indépendant basé au Cap.  "Je pense que le fait que l'ANC ait pu regagner du terrain à partir de 2016 donnera à Ramaphosa un certain degré de force et de crédibilité pour entamer au moins une sorte de processus de réforme en Afrique du Sud. Mais les mêmes problèmes demeurent".

Tout récemment, le président Cyril Ramaphosa estimait que les habitants du pays n'étaient toujours "pas libres" compte tenu de la pauvreté dans le paysImage : DW/A. Kriesch

Bataille en interne pour l'ANC

Ces problèmes ce sont les promesses du président autour de l'éradication de la corruption, qu'il tarde à mettre en place. C'est aussi la croissance du pays qui ralentit et le chômage qui touche plus d'un quart de la population. 

Lire aussi → L'Afrique du Sud, 25 ans après l'apartheid

Avec des scores en baisse pour l'ANC, Cyril Rampahosa devra batailler en interne dans son parti pour imposer son gouvernement et ses réformes au clan de l'ancien président Zuma. Un problème de plus à gérer face à l'Alliance démocratique, le principal parti d'opposition, en légère baisse, autour de 20% contre 22 il y a cinq ans. 

La gauche radicale jubile

Grand gagnant face à Cyril Ramaphosa, le parti des combattants pour la liberté économique, EFF, de Julius Malema. Le parti en troisième position dépasse les 10% contre 6% en 2014, avec un programme aux idées de gauche parfois radicales.  "Le parti s'est développé dans toutes les provinces d'Afrique du Sud, enregistrant des gains très importants", fait remarquer Daniel Silke. "Mais ce phénomène de populisme est limité à environ 10 % de l'électorat sud-africain." 

L'EFF compte pourtant bien faire pression dans les mois qui viennent. Dali Mpofu, un des responsables du parti pense déjà aux municipales dans deux ans et ne compte pas laisser l'ANC tranquille. "Si l'ANC gagne cette élection, ce qui semble être le cas, c'est la dernière élection que le parti gagnera, je n'ai aucun doute là-dessus", déclare-t-il.

Cyril Ramaphosa devrait être investit le 25 mai, dans quinze jours. La composition de son gouvernement devrait permettre d'en savoir davantage sur la politique qu'il mènera dans les prochains mois.

Fraude ?

Ce vendredi soir en Afrique du Sud les discussions tournent aussi autour de l'encre utilisée pour les élections. Certains électeurs auraient pu effacer cette encre déposée sur leurs doigts lors du vote, pour voter une seconde fois. Des membres de certains partis évoquent même une action en justice, mais les spécialistes estiment que la fraude, si elle était avérée, serait minime et ne changeraient rien aux résultats du vote.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_