L'armée congolaise progresse face au M23
28 octobre 2013Trois jours consécutifs d'affrontements ont permis aux militaires loyalistes de contrôler les villes de Kiwanja et Rutshuru situées à quatre-vingt kilomètres au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu.
La Monusco parle de "libération"
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Martin Kobler, est arrivé à Kiwanja juste après la prise de la ville par les FARDC appuyées par les forces onusiennes. Il a exprimé sa satisfaction de voir la population de Kiwanja enfin libérée:
« Ma première impression est que le peuple est heureux d'être libéré. Ce territoire est libéré du M23. C’est un bon exemple de coopération entre nous. Nous avons obligation de protéger les civils aussi, c’est notre tache, c’est ce pour quoi on est ici. Mais il faut maintenant poursuivre aussi la voie politique. »
Au cours des affrontements de Kiwanja, un casque bleu d'origine tanzanienne a été tué. Le représentant du secrétaire général des Nations Unies en RDC s'est dit choqué par la mort de ce casque bleu qui a perdu la vie alors qu'il protégeait la population civile.
Deux fosses communes découvertes?
Vendredi dernier déjà, la localité de Kibumba était passée sous le contrôle de l'armée gouvernementale.
Sitôt cette localité investie par les forces loyalistes, deux fosses communes ont été découvertes.
C'est le gouverneur du nord-Kivu, Julien Paluku, qui a livré cette information à la presse ce week-end. Il demande à la communauté internationale de mener des enquêtes pour établir les responsabilités et traduire en justice les auteurs de ces massacres présumés.
« Si c’est une catégorie de population visée sur critères ethniques, c’est un crime de génocide. Donc la Monusco, la communauté internationale et les organisations de d défense des droits de l’homme sont invitées à descendre rapidement sur le terrain pour connaître les responsabilités et que désormais, si c’est le M23, puisque c’est lui qui gère cet espace, il soit rapidement traduit en justice et que la justice internationale soit saisie. »
Réactions du M23 et des FARDC
Amani Kabasha, porte parole du M23 donne la version du mouvement rebelle sur la présence de ces deux fosses communes à Kibumba :
"Nous sommes tout près des collines de Rumangabo. A Kibumba, nous avons tué beaucoup de FARDC, nous les avons enterrés. Nous n'avions pas d'autre choix que de les mettre dans des fosses communes, tellement ils étaient nombreux, on ne pouvait pas faire autrement. L'avenir de notre mouvement? Je pense qu'il est à Kampala."
Entre-temps, le M23 menace d'attaquer les positions des forces loyalistes si elles n'arrêtent pas de les attaquer.
Le porte-parole des FARDC, Olivier Hamuli, s'est exprimé au micro de la DW, après la reprise de Rumangabo. Il réitère l'appelle au désarmement du M23 :
« Ce n’est pas facile, nous avons combattu pour libérer les populations qui étaient prises en otage là-bas. La prochaine étape, c’est de désarmer tous les groupes armés. Nous appelons tous les combattants du M23 à déposer les armes et qu’ils viennent auprès de nous ou ceux de la Monusco, nous allons les accueillir, ce sont des Congolais. »
L'analyse du politologue Filip Reyntjens
Les FARDC sont-elles vraiment sur le point de reprendre le contrôle de la région dans son entier? Ecoutez ci-dessous l'avis du politologue Filip Reyntjens. Spécialitste des Grands Lacs, il répond aux questions de Carole Assignon :