Lassitude dans le Nord Mali après la présidentielle
17 août 2018Les réactions continuent au Mali après la proclamation des résultats provisoires du second tour de la présidentielle. Selon ces chiffres publiés jeudi, le président sortant Ibrahim Boubacar Keita est réélu avec 67,17 % des suffrages. Une victoire contestée par l'opposition qui va introduire une requête auprès de la Cour constitutionnelle pour faire annuler des résultats dans plusieurs régions du nord.
Le scrutin présidentiel au Mali a été marqué par un fort taux d'abstention : le taux officiel de participation n'est que de 34%. Sur les 8,462 millions de Maliens, seuls 2. 677 803 électeurs se sont rendus aux urnes.
Pas le goût d'aller aux urnes
Se pose alors la question de la légitimité du président réélu comme la raconte Al Housseini, qui dirige la radio Kledu à Tombouctou. "La légitimité du président est là, même si celle-ci est biaisée", selon-lui. "Les gens s'étaient dit : ce n'est pas la peine de nous fatiguer parce que les choses sont déjà faites d'avance, on ne peut rien changer. C'est ce qui a fait que beaucoup de gens ne sont pas sortis."
En 2013, le taux de participation avait avoisiné les 49 % au premier tour avant de descendre à 45,78 % au second tour. Les Maliens ne sont donc pas surpris de la faible mobilisation à l'issue d'une bataille électorale marquée par de nombreux défis sécuritaires. " Certains pensent que le scrutin ne s'est pas bien passé, il a été émaillé de fraude", raconte Ibrahima Gariko, un habitant de Menaka. "D'autres pensent que le but recherché a été atteint parce que le scrutin s'est déroulé dans un climat apaisé compte tenu du contexte d'insécurité dans les régions du nord."
Un million d'électeurs potentiels en moins
Selon les résultats provisoires, le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta a recueilli 67,17% des voix contre 32,83% à l'opposant Soumaïla Cissé. Ces résultats annoncés jeudi matin ne surprennent guère Oumar Koné de la région de Kayes. "Cela s'explique par le fait que les gens disent que s'ils votent ou pas, c'est la même chose", selon-lui. "Ils seront toujours confrontés aux mêmes difficultés. Donc, ils ne font plus confiance aux politiciens. Que se soit IBK ou Soumaïla, ils sont tous pareils".
En 2013, plus de six millions d'électeurs maliens étaient appelés aux urnes pour départager Ibrahim Boubacar Keïta, du Rassemblement pour le Mali, (RPM), et Soumaïla Cissé, de l'Union pour la République et la démocratie (URD).
Cinq ans plus tard, ils n'étaient qu'un peu plus de cinq millions enregistrés sur les listes électorales pour élire un candidat qui aura la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dont la mise en œuvre n'a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays.