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Le bolivar souverain, la nouvelle monnaie du Venezuela

Rodrigue Guézodjè
21 août 2018

C'est la première phase d'un plan de relance économique du président Nicolas Maduro. Mais à quoi servent concrètement les dévaluations si spectaculaires des monnaies? Ce scénario peut-il inspirer certains pays africains?

Venezuela - Wirtschaftskrise
Image : picture-alliance/AP Photo/A. Cubillos

Jusqu'à dimanche dernier encore, 1 bolivar fuerte valait environ  0,0000035 €, ce qui en faisait la devise au taux d'échange le plus faible au monde. Afin d'affronter cette inflation sans fin, le président Maduro a donc décidé de rayer 5 zéros au bolivar. 100 000 bolivar fuerte valent désormais 1 bolivar souverain. Selon l'économiste sénégalais Moussa Dembélé, cette mesure était indispensable pour le Venezuela, et elle vise deux objectifs essentiels :

"Ce que le président Maduro et son équipe essaient de faire, c'est de trouver un moyen d'échapper à cette guerre économique, et donc de maintenir la viabilité de l'économie vénézuelienne. Je pense qu'il vise d'abord le problème de l'inflation en enlevant des zéros, et donc ce qui simplifie la valeur des billets; mais surtout, cela permet de court-circuiter les faussaires et les sabotages qui sont orchestrés par les Etats-unis, qui ont dû introduire de faux billets pour pouvoir faire tomber l'économie vénézuelienne. Evidemment, pour le gouvernement vénézuelien, on espère que ça va régler le problème."

Les nouvelles coupures du bolivar souverain, nouvelle monnaie en vigueur au Venezuela.Image : picture-alliance/AP Photo/A. Cubillos

Un cas bien loin des réalités africaines

Le Venezuela avait connu des dévaluations massives dans son histoire, en 2013 elle était à 32 % , 50 % en janvier 2010, 40 % en 1983,  mais jamais de cette ampleur. C'est peut-être une bonne tentative d'émancipation face au dollar américain, et des pays pourraient être tentés d'aller à l'école de Maduro, mais ce phénomène ne risque pas d'atteindre des pays africains, croit savoir Ansoumane Camara. Cet économiste, professeur d'université en Guinée explique que les réalités économiques africaines ne sont pas du tout identiques à celles du Vénézuela.

"Il est vrai que plusieurs économies africaines sont focalisées sur la rente pétrolière; mais à la différence du Venezuela, ces économies se diversifient de temps en temps, et ne font pas assez de politiques laxistes en faveur de la population comme c'était le cas au Venezuela. Je crois que des initiatives sont déjà prises dans plusieurs économies africaines; et actuellement, nous parlons même de la transformation économique au niveau des instances africaines, notamment au niveau de l'Union Africaine et des autres régions comme la Cédéao, et beaucoup d'autres programmes sont en train d'être mis en oeuvre pour éviter ce que nous sommes en train de vivre aujourd'hui au Venezuela."

En tout cas, Nicolas Maduro, visiblement très optimiste pour le relèvement économique de son pays, assure que les nouveaux billets (dont la plus grosse coupure sera de 500 bolivars souverains), seront le point de départ d'un grand changement.