Le Brexit a quatre ans, mais l'heure n'est pas à la fête
31 janvier 2024Ce 31 janvier marque l'anniversaire de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. La sortie de l’UE aurait déjà coûté près de 162 milliards d’euros à l’économie britannique, selon une étude commandée par le maire de Londres, favorable à un nouveau rapprochement avec l’UE.
Le même rapport de Cambridge Econometrics parle aussi d’une perte de deux millions d’emplois dans le pays.
C’était un vendredi, le 31 janvier 2020, que le Royaume-Uni quittait officiellement l’Union européenne. Le premier acte d’une séparation qui allait passer par une longue et laborieuses phase transition et de négociations avec Bruxelles.
Passer à autre chose
Quatre ans plus tard, plus personne dans le pays ne conteste la victoire des Brexiteurs, aucune force politique ne se fixe comme objectif de revenir sur la sortie de l’UE.
Même si la grande majorité de la population regrette aujourd'hui d'avoir quitté la famille européenne, selon un récent sondage, à peine 5% des Britanniques considèrent l'Europe comme étant un sujet important.
On veut oublier les disputes qui ont tant divisé le pays. Les Britanniques se préoccupent avant tout de la mauvaise santé de l’économie et de l’inflation.
Mais que faire de cette liberté et indépendance vantée par les partisans du Brexit ?
Les déréglementations effectuées jusqu'à présent sont donc plutôt d’ordre symbolique. Comme par exemple la possibilité de vendre du vin dans des bouteilles d'un demi-litre, pour consommer son champagne comme jadis Winston Churchill. Mais les avantages économiques restent plutôt opaques.
Incertitudes et manque de main d'œuvre
Les incertitudes liées au Brexit ont freiné les investissements des entreprises. Et bien que le gouvernement conservateur prône une politique migratoire plus restrictive, plus de 700.000 immigrants ont posé le pied l’an dernier au Royaume-Uni, un record, et un chiffre bien plus élevé qu’avant la sortie de l’Union européenne.
Le Brexit ne semble pas non plus répondre à la pénurie de main d’œuvre qualifiée, un phénomène auquel sont confrontés de nombreux pays du continent. Le personnel soignant vient désormais d'Afrique ou d'Asie, alors que le secteur de la santé, en particulier, est tributaire des spécialistes étrangers. Un recrutement bien plus complexe.
Le secteur agricole employait les travailleurs saisonniers venus d’Europe de l’Est. Là aussi, on manque aujourd’hui de main d’œuvre.
Forcer le changement
D’autres continuent à y voir l’opportunité d'attirer des professionnels bien formés, précisément pour les secteurs où ils font défaut, plutôt que de miser sur une immigration incontrôlée et bon marché en provenance de l'UE.
C’est par exemple le point de vue de Julian Jessop, l'un des rares économistes britanniques à être favorable au Brexit. Pour lui, la nouvelle réalité contraint les entreprises à innover. Londres est poussée à conclure de nouveaux accords commerciaux, avec les Etats-Unis par exemple, même si les négociations sont au point mort.
Enfin, si en tant que puissance économique, l’Union européenne peut fixer des normes sur lesquelles d'autres pays s'orientent, le Royaume-Uni n’a pas cette capacité, et se retrouve plutôt à suivre ou non le mouvement imposé par Bruxelles.