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Le Burkina Faso de nouveau cible du terrorisme

La rédaction francophone
14 août 2017

L’attaque du Café Instanbul dans le centre de Ouagadougou s’est soldée hier soir par au moins 18 morts. Retour sur une attaque qui suscite d’ores et déjà de nombreuses critiques du système de sécurité.

Burkina Faso Tag nach dem Angriff in der Kwame Nkrumah Avenue in Ouagadougou
Image : Reuters/B. Pare

'Il peut s'agir d'une tentative de destabilisation' (Abdoul Karim Saidou) - MP3-Stereo

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L’attaque du Café Instanbul dans le centre de Ouagadougou s’est soldée hier soir par au moins 18 morts. Parmi les victimes se trouvent au moins sept Burkinabè et huit étrangers. Certaines des victimes n’ont pas pu être encore identifiées. Retour sur une attaque qui suscite d’ores et déjà de nombreuses critiques du système de sécurité.


Le gouvernement rejette les accusations de passivité


Le porte-parole du gouvernement burkinabè est catégorique : prétendre que le pays est mal organisé "est une accusation infondée". Dans une interview à la Deutsche Welle, Remis Dandjinou réfute l’idée selon laquelle cette nouvelle attaque sur la célèbre avenue de la capitale Ouagadougou serait le fait d’un système défaillant. "Sur une attaque qui a lieu, relativise-t-il, le nombre d'attaques qui ont éte empêchées par nos forces de sécurité sont nombreuses".

Se référant aux attaques qui ont lieu dans d'autres capitales, notamment européennes, le porte-parole explique que reprocher un manque de préparation aux autorités revient à "faire un mauvais procès au Burkina".

Le 15 janvier 2016, l'hôtel Splendid était lui aussi visé par une attaque djihadisteImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Remis Dandjinou revient sur les bataillons burkinabè déployés au Mali voisin pour souligner combien le pays "est fortement engagé dans la lutte contre les terroristes".

Pour l'heure, l'identité des 18 victimes recensées (sept Burkinabè, une Canadienne, deux Koweitiennes, 1 Français, un Sénégalais, un Nigérian, un Libanais, un Turc et 3 non encore identifiés) et des deux assaillants n'est pas encore dévoilée par les autorités.


Sous l’ère Compaoré

Avant l'insurrection populaire qui a abouti à l'exil de certains tenors du régime Blaise Compaoré dont lui-même et des membres de son entourage, les habitants du Burkina Faso entendaient parler dans les médias d’attentats terroristes dans la sous-région.

Mais depuis le dernier trimestre de 2015, le pays lui-même est pris pour cible. Entre-temps, le régime Compaoré est tombé et les accords tacites qu’il avait passés avec les groupes armés de la sous-région sont caducs.

Sous Blaise Compaoré, les belligérants du Mali ont négocié à OuagadougouImage : AHMED OUOBA/AFP/Getty Images

Ces relations, l'analyste Abdoul Karim Saidou interrogé par la DW les qualifie de "relations de partenariats" qui font penser à un pacte de non agression du moment où toutes les parties jouaient le jeu.  "Les groupes terroristes avaient la possibilité d'utiliser le pouvoir burkinabè pour planifier des attaques et la contrepartie c'était que le Burkina Faso devait être épargné", décrit-il.

La nullité de ce pacte pourrait être l'une des raisons des attaques récurrentes contre les positions de l'armée, les lieux fréquentés ou supposés être fréquentés par les ressortissants occidentaux, les individus suspectés de collaboration avec les forces de défense et de sécutité (notamment au Sahel). Conséquence, "depuis la chute de l'ancien régime, ces groupes-là n'ont plus aucune raison de ne pas attaquer le Burkina Faso qui reste une cible assez fragile", souligne Abdoul Karim Saidou.

L'analyste estime aussi qu'"il y a cette peur que l'ancien régime veut destabiliser le nouveau pouvoir". Cependant, poursuit-il, lorsqu'on regarde la cible de cette nouvelle attaque, un restaurant qui appartient à des Turcs, un restaurant d'ailleurs halal qu'on  ne peut pas considérer comme étant un lieu prisé uniquement des occidentaux, il y a de quoi s’interroger.

Facebook a activé le Safety check pour les BurkinabèImage : Facebook


Safety Check activé

Pour l'heure, "la grosse intérrogation" qui se pose selon Abdoul Karim Saidou, c'est de savoir quel système sécuritaire et quels types de mesures il faut mettre en place. Contrairement à l'assaut de janvier 2016 mené conjointement avec les forces spéciales américaines, le porte-parle du gouvernement a déclaré que l'opération de la nuit du 13 au 15 a été "entièrement" exécutée par les forces burkinabè.       


C'est une première en Afrique subsaharienne. Facebook a activé son filtre Safety Check suite à l'attaque survenue à Ouagadougou. Ce système permet d’un simple clic de rassurer ses proches après une catastrophe ou un événement dramatique. Or jusqu'à présent, le deux poids, deux mesures était reproché au réseau social américain.

« A nous, on ne crée pas de bouton d’absence de danger sur Facebook», s’indignait le blogueur libanais Joey Ayoub suite à l'attentat survenu au Liban la veille de celui du 13 novembre 2015 à Paris. Attaquée le 12 novembre, Beyrouth n'avait pas bénéficié de cette attention particulière du réseau social.

Les internautes africains non plus, notamment ivoiriens, n'ont pas compris pourquoi le dispositif avait été activé en Turquie et pas en Côte d'Ivoire.  En effet, le 13 mars 2016, Istanbul et Abidjan subissaient toutes les deux des assauts terroristes. Mais, c'est seulement sur celle de la métropole turque que le dispositif Safety Check avait été activé.

A l’origine, le dispositif a été conçu pour les catastrophes naturelles. C'est seulement lors des attaques du 13 novembre 2015 à Paris que Facebook a décidé dans l’urgence de le déclencher dans le cadre d’un attentat.

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