Le Chili touché par une grève nationale
25 août 2011La nuit dernière, la police de Santiago a utilisé lances à eau et gaz lacrymogènes pour dégager des barricades de pneus enflammés ou pour disperser des manifestations spontanées. Une quarantaine de personnes ont été blessées,plusieurs centaines d'autres ont été arrêtées.
Ce jeudi, une grande manifestation à couronné cette double journée d'action à l'appel de principaux syndicats du pays,dont la CGT qui compte à elle seule plus de 780.000 membres. Leurs revendications: des réformes de la fiscalité, du code du travail et de l'éducation. Alors que le Chili connaît une certaine stabilité économique, les grévistes entendent lutter pour une meilleure répartition des revenus de la croissance.
Ce mouvement se déroule dans un contexte de contestation estudiantine qui depuis trois mois déjà agite les universités et lycées dans tout le pays.
Il faut dire que le système scolaire et universitaire est en grande partie un héritage de la période où le Chili vivait sous la main de fer du général - président Augusto Pinochet, de 1973 à 1990. Un système éducatif à deux vitesses, avec un secteur privé ou semi-privé qui privilégie les classes possédantes au détriment des classes populaires qui doivent se contenter d’un secteur public déficient, ou bien s’endetter pour permettre à leurs enfants une solide formation.
Sebastian Pinera, le président chilien et son gouvernement de droite, depuis 17 mois au pouvoir maintenant, minimisent l’ampleur de la grogne populaire. Le président a qualifié d’ "opportuniste" le mouvement de grève initié par les syndicats qui chercheraient à tirer profit de la contestation estudiantine. En fait, de nombreux analystes estiment que le malaise chilien est plus profond, le pays aurait encore besoin de vraies réformes démocratiques pour faire disparaître les inégalités d’un système social encore partiellement marqué par la sombre période de l’ère du dictateur Pinochet.
Auteur: Philippe Pognan
Edition: Mireille Dronne
Le mouvement de grogne sociale a débuté il y a trois mois, avec une contestation étudiante. Pour mieux comprendre le mécontentement vis-à-vis du système éducatif chilien, écoutez ci-dessous les explications de Jörg Zieße. Cet ex- professeur, a été aussi le directeur pédagogique de la plus ancienne école allemande à l’étranger, l'"Insituto Aleman" fondé il y a 157 ans à Osorno à 800km au sud de la capitale. Jörg Zieße a été joint par Philippe Pognan à Santiago, où il réside désormais.