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Le coronavirus a profité au climat, mais ça ne suffit pas

Anne Le Touzé | Avec agences
11 décembre 2020

Cinq ans après l'Accord de Paris, le réchauffement de la planète continue de s'accélérer.

Les jeunes militants de Fridays for Future réclament le respect de l'objectif de réchauffement à 1,5 degré fixé dans l'Accord de Paris
Les jeunes militants de Fridays for Future réclament le respect de l'objectif de réchauffement à 1,5 degré fixé dans l'Accord de ParisImage : Gero Rueter/DW

La bonne nouvelle, c'est que les émissions de CO2 d'origine fossile ont enregistré une baisse record en 2020 : moins 7% par rapport à l'année précédente, soit 2,4 milliards de tonnes, d'après le bilan annuel du Global carbon project (GCP) paru ce vendredi (11.12.2020).

Des aéroports désertés et des avions cloués au sol pendant plusieurs semaines ont rendu service au climatImage : Zorica Ilic/DW

Des résultats inédits, attribuables au coronavirus qui a contraint les économies à tourner au ralentipendant les mois de confinement. Ainsi, les réductions d'émission ont le plus été marquées dans le secteur des transports, qui représentent 21% des émissions mondiales.

Elles "ont été réduites de moitié dans les pays au plus fort du confinement", selon le GCP. Celles de l'aviation, notamment, se sont effondrées de 75%.

Dans le secteur de l'industrie, qui représente 22% des émissions mondiales, la pollution a baissé de 30% au printemps. Mais le répit a été de courte durée. La Chine, par exemple, a renoué dès début avril avec le niveau d'émissions qu'elle avait avant la pandémie - soit une croissance moyenne de 2% par an.

La Terre continue de se réchauffer

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) estime que la baisse des émissions de gaz à effet de serre due à la pandémie de Covid-19 aura un effet "insignifiant" sur le réchauffement de la planète, avec environ 0,01 degré de réchauffement évité d'ici à 2050.

Dans son rapport annuel, l'agence onusienne sonne l'alarme : le monde se dirige toujours à grands pas vers une augmentation des températures à hauteur de 3°C pour ce siècle.

C'est bien au-delà des objectifs qu'avait fixés l'Accord de Paris, signé il y a tout juste cinq ans, le 12 décembre 2015. Les dirigeants mondiaux s'étaient engagés à tout mettre en œuvre pour limiter le réchauffement à moins de 2°C, idéalement à 1,5°C.

Pour espérer encore atteindre cet objectif d'ici à 2030, prévient l'Onu, il faudrait réduire d'ici là les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an. Or, la tendance a été exactement inverse ces dernières décennies.

Les émissions polluantes ont progressé en moyenne de 1,5% par an et elles ont même atteint un niveau record en 2019 avec 59,1 gigatonnes, soit 2,6% de plus qu'en 2018.

Les effets de ce réchauffement sont de plus en plus visibles, selon l'Onu, qui cite l'intensification des incendies, des sécheresses, des tempêtes et de la fonte des glaciers. L'année 2020 est en passe d'être la plus chaude jamais enregistrée.

L'espoir de l'après-Covid

Les experts du PNUE estiment que la pandémie est un "avertissement de la nature", mais qu'elle offre une occasion au monde de se remettre sur les rails. Une "reprise verte" à la suite de la pandémie pourrait ainsi, d'après eux, "réduire de 25% les émissions prévues en 2030 sur la base des politiques en place avant la pandémie de Covid-19".

La Chine a repris ses activités industrielles et sa pollutionImage : picture-alliance/AP/Imaginechina

Parmi les mesures à privilégier, ils citent "un soutien direct aux technologies et infrastructures à émissions nulles, la réduction des subventions aux combustibles fossiles, l'interdiction de construire de nouvelles centrales au charbon et la promotion de solutions fondées sur la nature, notamment la restauration des paysages et le reboisement à grande échelle". Cela donnerait 66% de chance de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C.

Le PNUE encourage donc les États qui ont annoncé des engagements datés de "neutralité carbone" à mettre en œuvre sans tarder des stratégies pour les atteindre.

Il appelle aussi à encourager un changement dans les habitudes de consommation et surtout d'assurer l'équité dans les efforts : à l'heure actuelle, les émissions des 1% les plus riches de la population mondiale représentent le double de celles des 50% les plus pauvres.

"La pandémie est l'avertissement que nous devons d'urgence quitter notre chemin de développement destructeur, moteur des trois crises planétaires : changement climatique, perte de biodiversité et pollution. Mais elle constitue aussi clairement une opportunité (...) pour protéger notre climat et la nature pour les décennies à venir", conclut la cheffe du PNUE, Inger Andersen.

Un pas dans la bonne direction ?

À la veille du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, les pays membres de l'Union européenne ont donné leur feu vert à une baisse des émissions d'au moins 55% d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990 afin d'atteindre en 2050 la neutralité carbone. Le Parlement européen réclamait un objectif de 60%.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, la militante suédoise Greta Thunberg a critiqué les "objectifs hypothétiques et lointains" et les "promesses vides". Elle a appelé de nouveau à une action immédiate en faveur du climat.

"Si vous lisez la meilleure science disponible, vous réaliserez que la crise climatique et écologique ne pourra pas être résolue sans un changement de système. Ce n'est plus une opinion, c'est un fait", affirme Greta Thunberg.

Fridays for Future a prévu une journée d'action ce samedi (12.12.2020), avec 2.500 actions prévues dans le monde, alors qu'un sommet virtuel des dirigeants mondiaux est également annoncé pour marquer l'anniversaire de l'Accord de Paris.

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