Le député congolais Edouard Mwangachuchu reste en prison
16 mars 2023Ce sont des charges très lourdes qui pèsent sur ce député national après que des armes, munitions et autres effets militaires ont été découverts dans sa concession minière, la Société minière de Bisunzu, dans le territoire de Masisi, et d'autres encore dans sa résidence de Kinshasa.
Edouard Mwangachuchu est accusé d'avoir formé une milice privée et de soutenir les rebelles du M23. Ce député de Masisi, un des trois territoires sous contrôle des rebelles du M23, dans la province du Nord-Kivu, est poursuivi en flagrance pour trahison, atteinte à la sûreté de l'Etat, détention illégale d'armes et munitions, association de malfaiteurs et participation à un groupe insurrectionnel.
Manque de preuves
Octave Nasena, avocat au barreau de Kinshasa-Gombe, explique qu'en dépit de la lourdeur des charges, le procureur manque encore de preuves, d'où le report de l'audience.
"Le ministère public n'a pas suffisamment d'éléments pour le charger. L'audience a été remise au 21 mars pour permettre de réunir des charges et preuves à charge pour les présenter devant le juge, sous forme d'accusations. Ceux qui le soutiennent sur le plan politique sont en train d'y voir non pas un combat judiciaire mais un combat politique."
Attentes de la société civile
Edouard Mwangachuchu est détenu depuis deux semaines à la prison centrale de Makala. Ses avocats ont tenté d'obtenir une remise en liberté provisoire ou bien une mise en résidence surveillée mais le juge militaire a qualifié la demande de prématurée, estimant qu'elle dépend plutôt du juge de fond.
Dans la province du Nord-Kivu soumise aux attaques du M23, un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda selon les Nations unies, la société civile appelle la justice à faire son travail.
"Nous attendons de la Cour de pouvoir dire le droit", dit Edgard Mateso, vice-président de la société civile du Nord-Kivu. "S'il s'avère que l'honorable député a commis ce genre d'infractions, ce n'est pas la peine de continuer à le garder dans l'hémicycle. Il faut que la justice dise le droit et le condamne conformément à la législation congolaise."
Edouard Mwangachuchu est le président du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), une ancienne rébellion devenue un parti politique. Celui-ci pourrait, en tant que député national, voir sa peine alourdie si la Haute Cour militaire le jugeait coupable. Il risque 20 ans de prison.