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Le "Jeudi de la colère" peu suivi au Tchad

Blaise Dariustone
8 février 2018

La marche pacifique de la coalition des organisations de la société civile dite "Jeudi de la colère" a été peu suivie à N’Djamena, la capitale, et pas du tout dans les régions.

Tschad Demonstrationen
Image : DW/D. Blaise

Très tôt ce jeudi (08.02.18), aucun manifestant n'était visible sur les grandes artères de la capitale tchadienne. Face à un déploiement impressionnant des forces de l'ordre, les quelques manifestants qui ont répondu à l'appel de la coalition des organisations de la société civile tchadienne se sont vite dispersés par petits groupes pour exprimer leur colère dans les quartiers. "Nous, population du 7ème arrondissement, exprimons par cette présente motion, notre colère contre la mauvaise gouvernance perpétrée depuis 1990 par Idriss Deby Itno. Condamnons les agissements consistant à augmenter les prix des denrées de première nécessité et à effectuer des coupes sombres sur le salaire des travailleurs"  déclare une dizaine de jeunes rencontrés dans la commune du 7ème arrondissement.

Image : DW/F. Quenum

Les manifestants se sont ensuite dispersés avant l'arrivée des forces de police. Mais pour Dingamnayel Nelly Versinis, président du collectif tchadien contre la vie chère, une des organisations initiatrices de cette marche "la population n’est pas habituée à cette lutte pacifique. La population a pris peur d'abord et il y a également un problème de coordination. Il faut être objectif. Il s'agit de la coordination entre nous, les organisateurs. Il fallait adopter une technique d’approche de sensibilisation de proximité. C’est ce qui a été fait avec un petit retard. Les gens étaient désorientés. Ce n’est pas à la hauteur de ce que nous avons souhaité ou bien ce qu’on aurait voulu. Mais il faut se dire qu’à chaque pas, il y a des ratés qu’on va essayer de corriger pour les prochaines fois" explique le président du collectif.

De son côté, le porte-parole de la police nationale, Paul Manga ironise et parle d'un "échec total". "Une manifestation c'est dans la rue et non dans les maisons où les gens feront des commentaires après pour dire qu’ils sont sortis massivement et que le mouvement a été suivi. Moi je dirais plutôt que c’est le jeudi de la joie du moment où nos concitoyens vaquent normalement à leurs occupations. Les agents des forces de l’ordre passent une journée tranquille aux différents carrefours qui leur sont confiés."

Malgré cet échec, la société civile n'entend pas baisser les bras et prévoit d'autres manifestations dans les jours à venir pour dit-elle obliger le gouvernement tchadien à sursoir à ses décisions impopulaires. Selon le bilan provisoire, 14 manifestants ont été arrêtés lors de cette tentative de marche. Aucun blessé n’a été enregistré.