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Le Kenya en ébullition avant les élections

Maja Braun et Sandrine Blanchard25 janvier 2013

Il y a cinq ans, après les élections, le Kenya était le théâtre de violences spectaculaires. Le scrutin du 4 mars prochain fait craindre de nouveaux heurts entre les ethnies du pays. D'autant que l'impunité règne.

Manifestations à Nairobi en janvier 2013Image : Getty Images

Après les élections de 2007, des hordes de jeunes gens descendent dans les rues et s’en prennent à leurs concitoyens d’autres ethnies. Plus de 1.100 Kényans ont été tués dans ces affrontements qui faisaient suite à la réélection contestée du président sortant, Mwai Kibaki. Dans un peu plus d’un mois, le 4 mars, de nouvelles élections générales sont organisées, et le pays assiste à un regain de violences depuis plusieurs semaines. Le plus inquiétant, c’est que les auteurs de violences jouissent encore d'une certaine impunité.

Des heurts violents ont éclaté en 2007Image : AFP/Getty Images

Quatre responsables devant la CPI

Officiellement, le Kenya cherche à faire la lumière sur ces crimes. Et de toute façon, certains hauts dignitaires, soupçonnés d’avoir une responsabilité dans les violences de 2007-2008, doivent en répondre devant la Cour pénale internationale, aux Pays-Bas, qui a confirmé les charges contre quatre d'entre eux, il y a un an : le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta, mais aussi le bras droit du chef de l’État – un certain Francis Muthaura – un ancien ministre, William Ruto, et un présentateur radio Joshua Arap Sang.

L'inconvénient, avec la CPI, et ce sur quoi ont d’ailleurs misé certains prévenus comme Uhuru Kenyatta, candidat à la présidence en 2007, ou William Ruto avec qui il a conclu depuis une alliance, c’est que les magistrats de La Haye ont besoin de plusieurs années pour statuer sur un dossier. Les responsables politiques, mis en cause pour crimes contre l’humanité, espèrent donc en profiter pour continuer leurs activités en attendant leur procès.

Des milliers de PV en attente

Quoiqu’il en soit, côté kényan, certains militants de défense des droits de l’Homme ne se font pas beaucoup d’illusion quant à la célérité des magistrats du pays. Parmi eux, Joseph Omondi, qui travaille à Nakuru, l’un des foyers de violences il y a cinq ans :« Au Kenya, nous avons 5.000 PV en attente. Qu'est- ce qu'on en a fait ? Rien ! », dit-il.

Des partisans du Premier ministre Odinga ont eux aussi une part de responsabilitéImage : picture-alliance/dpa

Au Kenya, il n’est pas rare que les puissants s’achètent une innocence. C’est pourquoi les procédures engagées à La Haye contre de hauts responsables politiques – une première pour des Kényans – représentent quand même un espoir.

Coupable et/ou responsable

Cet espoir, c'est celui d’un changement progressif de mentalité, nécessaire, comme l’explique Samuel Tororei, membre jusqu’à il y a peu de la Commission kényane des droits de l’Homme :

« Notre pays n’a toujours pas compris que quelqu’un puisse être responsable d’actes qu’il n’a pas commis lui-même. Les gens demandent : est-ce que c’est lui qui a mis le feu à la maison ? Est-ce qu’il a pris lui-même une machette pour tuer quelqu’un ? »

De nombreux Kényans craignent toutefois que ces procès ne divisent une fois de plus les camps politiques et ne ravivent les conflits interethniques, notamment entre Luos et Kikuyus.

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