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Le Malgache Clovis Razafimalala Prix allemand pour l'Afrique

Hugo Flotat-Talon
27 novembre 2018

Défenseur de l'environnement, il reçoit ce mardi 27 novembre à Berlin le Prix allemand pour l'Afrique. Une récompense et une aide précieuse pour les défenseurs des forêts de la cinquième plus grande île du monde.

Deutsche Afrika Stiftung Pressebild | Clovis Razafimalala & Marcus Schneider
Clovis Razafimalala & Marcus Schneider, de la fondation allemande pour l'Afrique.Image : Deutsche Afrika Stiftung

C'est chaque année une remise de prix prestigieuse. Celle du Prix allemand pour l'Afrique, délivré par la Fondation allemande pour l'Afrique. Ce mardi 27 novembre, ce sont deux défenseurs de l'environnement qui sont primés. Le Tanzanien Gerald Bigurube et le Malgache Clovis Razafimalala. Le premier travaille à la préservation des parcs nationaux tanzaniens. Clovis Razafimalala se bat pour les forêts de Madagascar et contre le trafic illicite des ressources naturelles. 

Dégradation de son île

À 48 ans, il est engagé dans la protection de l'environnement à temps plein depuis dix ans. Ingénieur mécanique de formation, il travaillait dans la fabrication d'huile. Mais en 2009, il n'en peut plus de voir son île se dégrader. "Il n'y avait plus de bois pour la construction, l'eau commençait à être rare, nous n'avions plus de poissons pour manger ... Tout ça m'a alerté", raconte-t-il.

Le bois rose extrait à Madagascar part notamment vers la Chine.Image : Imago/robertharding

Il se met ainsi à lutter pour la forêt à temps complet. À l'époque, la crise politique de la cinquième plus grande île du monde permet au trafic de décupler. Le bois de rose, rare et recherché, est extrait et vendu illégalement. On défriche aussi : 50 hectares par jour selon Clovis Ramafimalala. "L'exploitation du bois de rose détruit la forêt malgache, mais déséquilibre aussi cette forêt. Elle n'est plus dense comme avant, il va y avoir des déséquilibres au niveau de l'écosystème et d'autres bois, dépendants du bois de rose vont être détruits aussi", explique-t-il encore. 

Les pressions sur les défenseurs de l'environnement ne sont pas rares à Madagascar.Image : DW

Pressions contre lui

Pour réduire les dégâts, Clovis Razafimalala tente de lutter contre l'exploitation illégale via des plaidoyers adressés aux politiques. Lui et ses collègues observateurs dénoncent aussi tout ce qu'ils voient malgré le peu de soutien politique dont ils bénéficient au quotidien. "Je vous donne un exemple : jusqu'à maintenant, jamais, jamais, aucun grand trafiquant n'a été arrêté et emprisonné par le gouvernement malgache", assure le Malgache. "Alors qu'en ce moment même, depuis le 24 octobre et jusqu'à aujourd'hui, un bateau rode dans les parties à risque du bois de rose. La nuit du 6 novembre on a même vu un embarquement de bois de rose sur les côtes malgaches."

Clovis Razafimalala craint une recrudescence du trafic de bois en cas de crise post-électorale.Image : picture-alliance/AP/K. Dhanji

Inculpé d'incitation à la rébellion, Clovis Razafimalala a fait dix mois de détention préventive en 2016 avant d'être condamné à de la prison à perpétuité. Mais pas question pour lui de cesser le combat. "Si j'arrête cette activité qui va le faire ? Et ça voudrait dire que je suis vaincu. Mes parents m'ont envoyé à l'école pas seulement pour l'argent, mais pour être utile à la société".

Le Prix allemand pour l'Afrique qu'il va recevoir lui permettra un appui diplomatique en Allemagne et dans toute l'Europe.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_