1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le Mali rend hommage à l'ancien président ATT

Mahamadou Kane
10 novembre 2020

Amadou Toumani Touré (ATT), a dirigé le Mali de 2002 à 2012. Il est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 72 ans en Turquie où il avait été transféré pour raisons de santé.

Amadou Toumani Touré part au moment où le Mali est plongé dans une grave crise
Amadou Toumani Touré part au moment où le Mali est plongé dans une grave criseImage : Zeng Yi/Xinhua/imago images

Amadou Toumani Touré (ATT) est décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie où il avait été évacué pour des raisons sanitaires.

ATT, c’est tout d’abord cette double casquette "enseignant et militaire" qu’il n’a eu de cesse de revendiquer. Mais, c’est dans le métier des armes qu’il s’illustrera. Né dans la région de Mopti (centre du Mali) le 4 novembre 1948, il choisira ainsi le 33e régiment des commandos parachutistes après des premiers pas réussis à l’école interarmes de Kati (ville garnison située à 15 kilomètres de Bamako).

C’est à la tête de ce régiment qu’il opère en 1991, avec d’autres camarades d’armes, un coup d’Etat qui mettra fin à 23 ans de règne du général Moussa Traoré. Il dirigera la transition qui ouvrira la voie à l’élection du premier président élu du pays en 1992.

Il sera à son tour élu à la tête du pays de 2002 jusqu’au putsch militaire qui l’a renversé le 22 mars 2012.

Jeamille Bittar, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, fut un proche d’ATT. Il se souvient. "Les choses devaient se passer ainsi. Nous sommes meurtris car tout à une fin. Aujourd’hui, le regret est national. La population malienne est aujourd’hui dans le regret. Vous savez, on ne réalise la valeur d’un homme que lorsqu’on le perd. ATT était prédisposé à redonner le meilleur de lui-même après cette présidence. Mais Dieu l’a voulu ainsi", affirme Jeamille Bittar.

Amadou Toumani Touré de retour à Bamako, le 24 décembre 2017, après des années d'exil Image : Getty Images/AFP/M. Catani

ATT le bâtisseur

Au cours de son mandat, le général président construira des ponts et des routes, des hôpitaux ou encore des logements sociaux pour les populations à faibles revenus. Il fera de la gestion consensuelle du pouvoir sa priorité.

Nouhoun Togo est membre du FSD, (Front pour la sauvegarde de la démocratie), il met l’accent sur deux réalisations d’ATT. "Je retiens de l’homme tout ce qu’il a fait pour réaliser deux réformes majeures dont l’AMO (l’Assurance maladie obligatoire) qui profite à tout le pays aujourd’hui en termes de santé. Deuxièmement, les difficultés de nos vieux qui après avoir travaillé durant 30 ans, attendaient parfois trois ou six mois pour percevoir leur pension. Le président ATT a permis que cela soit mensuel", explique Nouhoun Togo.

La lutte contre la corruption restera toutefois un vain mot malgré la création du bureau du vérificateur général en 2004.

La crise du nord

Il lui est aussi surtout reproché sa gestion de la crise du nord et ses supposés liens avec la rébellion touarègue. Ce qui lui coûtera son fauteuil présidentiel. Adama Dembelé, enseignant, préfère relativiser. "Quelque soit votre niveau de gouvernance, il y aura des défis que vous ne pourrez jamais relever. L’Etat est une continuité. Au-delà des reproches, qu’est-ce qu’on a pu faire après lui ? C’est la question fondamentale à se poser. Sinon la crise du nord du Mali date de bien avant les indépendances", dit Adama Dembelé.

"Réactions au Mali à la mort d'ATT"

This browser does not support the audio element.

ATT était définitivement rentré au pays après cinq ans d’exil au Sénégal.

Il avait subi récemment "une opération du coeur à l'hôpital du Luxembourg de Bamako qu'il a créé. Tout semblait aller bien", a indiqué sous couvert d'anonymat un médecin de l'hôpital.

"On a décidé ensuite de l'évacuer sanitairement. Il a voyagé vers la Turquie très récemment par un vol régulier. Malheureusement il est décédé dans la nuit de lundi à mardi", a-t-il ajouté.
 

Passer la section Sur le même thème