Le Mali s'enfonce-t-il davantage dans l'obscurantisme ?
17 juin 2025
La promesse, tenue en 2021, de remettre le pouvoir aux civils, en organisant des élections, n’a finalement pas été tenue. Plus les années avancent, plus les Maliens sont confrontés non seulement à l'insécurité causée par les djihadistes, mais aussi aux dérives autocrates du régime militaire en place à Bamako.
Le consortium des journalistes d’investigation, Forbidden Stories, vient de publier un rapport qui met en cause quelques-unes de ces dérives. Les journalistes mettent en lumière des enlèvements et des arrestations arbitraires de civils maliens, imputés à l’armée malienne et au groupe paramilitaire russe Wagner.
"Nous avons révélé un système de détention qui est secret : des centres de détention qui se trouvent dans des camps militaires de l’armée malienne, ou d’anciens camps de la Minusma. Ce n’est pas en libre d’accès et c’est le principe de la détention secrète", explique Guillaume Vénétitay qui fait partie de l‘équipe qui a conduit l’enquête..
Mais Fousseyni Ouattara, vice-président du comité Défense et Sécurité du Conseil national de transition, l’organe législatif non élu, rejette les accusations formulées par Forbidden Stories :
"Au Mali, nos prisons sont ouvertes à tout le monde. Tout le monde peut venir visiter nos prisons. On n’arrête personne arbitrairement. Il n’y a pas d’exécution sommaire ici".
Interdiction des partis politiques, un coup dur à la démocratie
En mai dernier, portant un nouveau coup à la démocratie, les autorités maliennes ont décidé la dissolution de tous les partis politiques. Ce que déplore Sidylamine Bagayoko, professeur d’anthropologie à l’Université de Bamako.
"C’est le débat politique qui enrichit la diversité des discussions, celle des opinions, pour que le pays puisse aller de l’avant. Tout cela est ralenti avec la dissolution de tous les partis politiques", déplore l'enseignant à l'Université de Bamako.
Celui-ci ajoute qu’en plus des médias et de la société civile, qui sont eux aussi réprimés, le domaine académique, dans lequel il évolue, fait face aux mêmes défis :
"La carte de la prudence est toujours de mise. Nous avons vu, de 2020 à aujourd’hui, qu’il y a plusieurs universitaires qui ont été emprisonnés. Ainsi, les autres intellectuels qui veulent écrire ou émettre leurs pensées sur les cas de restrictions de liberté, font toujours attention".
Le pouvoir du général Assimi Goïta se défend en affirmant que les changements qui sont opérés au niveau politique sont des réformes qui consistent à bâtir un système politique solide.
Mais les critiques, eux, doutent déjà de l’avenir politique du pays et pensent que le Mali se dirige vers l’obscurantisme.