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Le mausolée de Patrice Lumumba vandalisé en RDC

20 novembre 2024

La famille du héros national congolais déplore cet acte qualifié d’ignoble. Les autorités font savoir que des enquêtes sont en cours.

République démocratique du Congo Kinshasa | Statue de Lumumba (Photo d'illustration)
Patrice Lumumba a été assassiné il y a 63 ans (photo d'illustration)Image : Arsene Mpiana/AFP/Getty Images

Jean-Jacques Lumumba, militant anticorruption et petit neveu de Patrice Emery Lumumba, nous explique, depuis Kinshasa, comment les faits se sont déroulés.

"Heureusement, les restes de notre aïeul étaient sécurisés" (Amory Lumumba)

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"Des inciviques non identifiés ont pénétré le mausolée, ont dû fracasser et ont voulu s’introduire pour pouvoir dérober certainement les reliques de feu Patrice Emery Lumumba, mais la situation a été très vite maîtrisée par les forces de sécurité. Pour le moment, nous pouvons dire que les enquêtes sont en cours. La fondation Patrice Emery Lumumba et les autorités communiqueront très prochainement pour faire le point sur ce qui s’est réellement passé."

La dent n'a pas été volée

"Le mausolée consacré au héros national a été forcé, la vitre a été défoncée et le cercueil jeté au sol dans des circonstances encore à élucider. Heureusement, les restes de notre aïeul étaient sécurisés", précise Amory Lumumba, l’un des petits-fils de Patrice Emery Lumumba, dans un communiqué publié ce 18 novembre sur X.  

Un communiqué qui vient rassurer sur le fait que la dent de Patrice Lumumba,restituée officiellement à la RDC par la Belgique en 2022, n’a pas été volée. Toutefois, cet acte soulève de nombreuses questions à propos de la gestion du lieu et de sa sécurité.

Dans le même communiqué, Amory Lumumba dit ne pas être surpris car, selon ses informations, les policiers chargés de laprotection du lieu seraient "irrégulièrement rémunérés"  et "abandonnés dans la précarité". Il rappelle que ce site a pour vocation d’être un espace de recueillement et de rattraper le retard de la RDC en matière de politique de la mémoire.  

"S’il faut maintenant se poser la question de connaître les motivations de cet acte ignoble, c’est très difficile de savoir. Evidemment, il y a la question de la fétichisation de la dépouille de Patrice Emery Lumumba", soutient le petit-fils du héros national congolais.

Pour lui, "certains parlent de relique et on comprend la connotation religieuse, mais aussi mystique que ce type de reste peut convoquer. Il peut aussi y avoir la thèse du crime purement hasardeux, mais il faut aussi souligner que l’image de Patrice Lumumba en RDC n’est pas l’image de Patrice Lumumba en Afrique et dans le monde. Et beaucoup de gens dans ce pays ont malheureusement combattu ce personnage pourtant adulé ailleurs."

"Acte inacceptable"

Le ministère congolais de la Culture et des arts a fait savoir que "des mesures seront prises pour sanctionner les auteurs de cet acte qu’il qualifie d’inacceptable."

Du côté des défenseurs des droits de l’Homme, on estime que ce forfait illustre "un sérieux problème" au niveau des valeurs morales en RDC. C’est ce qu’explique Franck Citende, le secrétaire exécutif du Réseau national des ONG des droits de l'Homme en RDC (Rhenadoc).

"Il est anormal et incompréhensible que des individus se permettent de profaner le mausolée d’un personnage de la trempe de Patrice Emery Lumumba. Nous avons appris que les enquêtes sont en cours, nous les encourageons. Nous espérons que les auteurs seront arrêtés, jugés et sanctionnés pour que cela serve de leçon aux autres."

Le cas congolais n’est pourtant pas isolé. En septembre 2011, la tombe de Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè, avait été profanée au cimetière de Dagnöen par une personne présentée comme ne disposant pas de toutes ses capacités mentales.