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Les islamistes nigérians jouent la carte de l’apaisement

Henri Fotso
1 août 2019

Le Mouvement islamique a suspendu ses manifestations mercredi. Mais il maintient la pression sur les autorités en promettant des actions en justice. Le mouvement attend le verdict dans le procès en cours de son leader.

Nigeria Erfolge der Offensive im Kampf gegen Boko Haram
Image : Reuters/Emmanuel Braun

Le MIN réclame toujours la libération de son leader Ibrahim Zakzaky emprisonné depuis 2015. En attendant, le verdict attendu lundi prochain dans le procès en cours du leader chiite déterminera la suite des rapports entre les autorités nigérianes et les manifestants chiites.

Le groupe chiite radical du Nigéria joue pour l’instant la carte de l’apaisement. La suspension mercredi de ses manifestations de rue ne semble cependant pas définitive.

Le Mouvement islamique réexaminera sa décision après l’audience du tribunal très attendue à Kaduna lundi. Elle devra plancher sur le fait d’autoriser ou non le leader religieux Cheik Ibrahim El Zakzaki, détenu depuis 2015, à aller se soigner à l’étranger.

Risque de radicalisation

La décision des chiites de suspendre leurs manifestations intervient après l’interdiction mardi de leur Mouvement qualifié d’organisation terroriste par le gouvernement nigérian, via le chef de la police Mohammed Adamu.

Image : Getty Images/AFP/S. Heunis

Un porte-parole du Mouvement islamique, Muhammad Ibrahim Gamawa, redoute la radicalisation des manifestants chiites suite à cette interdiction :

"Il y a des hautes personnalités comme les chefs traditionnels, les anciens chefs d'État, qui ont dit qu'ils ne sont pas du tout contents de ce qui se passe. Parce qu'ils ont peur de ce qui peut arriver par la suite, si le gouvernement continue de nous maltraiter parce qu'il refuse qu'on s'assoie pour discuter."

De violents heurts  avaient opposés les Chiites aux forces de l’ordre le 22 juillet dernier, causant la mort d’au moins six manifestants, un journaliste et un policier.

Les premières violences entre les Chiites et la police nigériane avaient éclaté en 2015 lors d’une procession religieuse. La police avait tiré, faisant plus de 350 morts, et mis aux arrêts le leader chiite, Ibrahim El Zakzaki.

Priorité au dialogue

Quatre ans après le début des incidents, Alhassan Dantata Mahmoud, sociologue proche du mouvement islamique insiste : il vaut mieux la réconciliation et le dialogue plutôt que l’utilisation de la force.

Image : picture-alliance/AP Photo/J. Ola

"En tout cas, celui qui ne veut pas s’asseoir et discuter avec le Mouvement Islamique du Nigeria communément appelé chiite, cette personne ne veut pas la paix au Nigeria. Souvenez-vous, même le tout nouveau gouverneur de Zanfara a tendu la main aux coupeurs de routes qui sèment la terreur dans sa région. Et pourquoi le gouvernement refuse-t-il de faire autant avec nous ?" 

Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé sa détention illégale et ordonné la libération d’Ibrahim El Zakzaki.

Mais il reste encore en prison. Pour certains, l’interdiction du Mouvement islamique au Nigeria bafoue la liberté de culte des musulmans chiites pourtant garantie par la Constitution.

Pour d’autres, cette interdiction fait redouter une nouvelle insurrection plus difficile à contenir que Boko Haram, d’autant que les chiites, minoritaires, accusent les sunnites, majoritaire à 80 %, d’être les instigateurs de leur maltraitance par le biais de leurs dignitaires au pouvoir.

Le mouvement islamique du Nigéria date de 1984, créé par Ibraheem Yaqoub, ancien membre des Frères musulmans, alors soutenu par l’Iran.

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais