Le Mur, 20 ans après : Checkpoint Charlie
4 novembre 2009A Checkpoint Charlie, les touristes sont d'abord arrêtés par de vrais faux soldats - trois vrais faux garde-frontières qui n'ont pas très bonne humeur, en ce jour d'été 2009 à Berlin. Car trop peu de touristes ont recours à leurs services. Et pourtant :
"Nous avons des tampons originaux du temps de la Guerre froide - de Berlin-Ouest et Berlin-Est, des secteurs américain, anglais, russe et français. On peut mettre un visa sur le passeport des touristes, ou sur une carte postale. C'est comme ils veulent.»
Le partage de Berlin, pendant 28 ans
Il y a encore 20 ans, Berlin était séparé en deux, entouré côté Ouest par un Mur de béton long de 155 kilomètres avec miradors, chiens de garde et alarmes en tous genres. Un côté ouest, qui était par ailleurs divisé en trois secteurs où étaient encore présents les alliés occidentaux de la Seconde Guerre mondiale, Américains, Anglais et Français. A l'Est, la puissance militaire en présence était soviétique. Mais le secteur d'occupation soviétique était devenu la capitale de la RDA, l'Allemagne de l'Est. La division de Berlin entre quatre secteurs de présence militaire étrangère n'a pris fin qu'avec la Réunification de l'Allemagne en 1990.
Mais revenons à 1961, l'année de la construction du Mur, où quelques mois après cette construction, les chars soviétiques et américains se font face, exactement à l'endroit où se trouve aujourd'hui le musée de Checkpoint Charlie. Histoire de mesurer ses forces. Les photos de ce bras de fer ont fait le tour du monde, ce que relate notamment l'un des nombreux films documentaires que l'on peut suivre à Checkpoint Charlie. John, un touriste anglais, est ravi de sa visite :
"C'est vraiment formidable. J'avoue que je sais très peu de choses sur l'histoire européenne. Et ces années-là, franchement, c'est intéressant. Et le musée nous livre toutes sortes d'informations, avec des objets d'époque qui appartenaient à l'origine à des particuliers. Les différents instruments qui ont aidé les gens à fuir en direction de l'Ouest sont devenus de véritables œuvres d'art."
Et il fallait beaucoup d'imagination pour tenter de franchir le Mur, car on risquait clairement sa vie. Beaucoup de candidats à l'émigration ont réussi à fuir, cachés dans le coffre d'une voiture, ou à la place de la batterie d'un véhicule, dans une valise, avec un siège suspendu à un câble, ou même carrément à l'aide d'un sous-marins. Checkpoint Charlie présente de nombreuses photos de toutes ces tentatives :
Au moins 136 "victimes du Mur"
"Ah c'est vraiment génial. Je suis vraiment ravi que ce musée existe. Et je trouve que c'est important qu'il y ait beaucoup de jeunes ici. Il faut entretenir la mémoire, pour éviter que tout cela ne se reproduise un jour."
Au moins 136 personnes ont été tuées en tentant de franchir le Mur entre 1961 et 1989. C'est le résultat d'une étude publiée récemment par le Mémorial du Mur de Berlin et le Centre de recherches historiques de Potsdam. Alexandra Hildebrandt, directrice du Musée de Checkpoint Charlie leur rend hommage, à eux, et à tant d'autres :
"Je suis très reconnaissante envers les Allemands qui ont contribué à tout ce qui s'est passé il y a 20 ans. Et je suis très reconnaissante également envers ceux qui ont participé au soulèvement populaire du 17 juin 1953 en RDA. C'était la première fois que les gens osaient se rebeller contre le communisme version Union soviétique. Sans l'audace de tous ces gens, le Mur ne serait jamais tombé."
Le 17 juin 1953, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Berlin-Est pour protester contre les quotas de production pour l'industrie lourde et l'augmentation de la productivité de travail, sans compensation pour les ouvriers. Une manifestation réprimée dans le sang par les chars soviétiques.
Auteurs : Ute Meyer, Carine Debrabandère
Edition : Anne Le Touzé