Le Niger ne comprend pas l'attaque d'Inates
12 décembre 201971 soldats nigériens ont trouvé la mort mardi dans une attaque de leur camp militaire près d’Inates, dans la zone frontalière avec le Mali. Douze autres ont été blessés ou sont portés disparus.
La nouvelle a été confirmée par l’armée nigérienne qui affirme qu'"un nombre important" d’assaillants ont pu être neutralisés.
Les membres de mouvements armés liés au groupe "Etat islamique" ou à al-Qaida sont soupçonnés d’avoir perpétré cette attaque au Niger.
Réaction du gouvernement nigérien
Interrogé par la DW, le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé, ne s’explique pas que des colonnes de jihadistes aient pu ainsi progresser et passer impunément à l’attaque dans une zone si surveillée que la région d’Inates.
Le ministre indique que l’Etat du Niger va "faire le point" pour comprendre "ce qui s’est réellement passé".
Interview
DW : Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire un peu plus sur l'attaque ?
Ministre : Un de nos postes militaires de reconnaissance a été attaqué par des rebelles à Inates, à la frontière avec le Mali. A l'issue de cette attaque, il y a eu 71 militaires qui ont été tués. 12 blessés et quelques disparus.
DW : Avec tous les moyens mis à disposition dans cette zone pour lutter contre le terrorisme : comment expliquer cette attaque et pourquoi les éléments n'ont-ils pas pu détecter l'arrivée des djihadistes avant l'attaque ?
Ministre : Vous connaissez très bien la zone apparemment. Toutes les dispositions étaient prises. C'était une attaque surprise, et vous savez comment ils agissent (les djihadistes)...
DW : Ils étaient très nombreux : des colonnes de véhicules, des centaines de personnes. Comment ne pas détecter cela avec tous les moyens qui sont mis à la disposition, surtout avec la présence des forces étrangères ?
Ministre : Nous allons faire le point de cette situation pour savoir exactement ce qui s'est passé avant de répondre à toutes ces questions.
DW : Le Niger arrive quand même à repousser les attaques djihadistes et à être moins attaqué par les islamistes. Mais maintenant ils connaissent vos failles ?
Ministre : Non, je ne pense pas qu'ils connaissent les failles de notre système. C'est une situation qui a lieu comme ça. Je ne pense pas que ce soit ça. Comme on l’a dit : ils sont venus en grand nombre avec du matériel et des engins blindés, beaucoup de matériels…
DW : On aurait pu les intercepter avant…
Ministre : Bon… comme je l'ai dit tout à l'heure, on va examiner la situation et puis on fera le point sur ce qui s’est passé réellement….
Report de la rencontre de Pau sur le Sahel, réunion à Niamey
En mai et juillet, deux attaques jihadistes dans la même zone avaient provoqué la mort d’une cinquantaine de soldats nigériens.
Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a tweeté qu’il écourtait sa visite en Egypte pour "suite à la tragédie survenue à Inates".
Il convoque une réunion du conseil de sécurité national ce jeudi à Niamey.
Le sommet prévu à Pau, en France, lundi 16 décembre, a été reporté à début 2020, en accord entre Niger et Paris.
Les deux capitales indiquent vouloir rediscuter ensemble des modalités de la lutte conjointe contre le terrorisme dans le Sahel.
Ecoutez l'audio de l'interview en cliquant sur l'image.