Le Nigeria, une étoile déclinante
30 septembre 2016
Sous le titre "Une ex-star en soins intensifs", le quotidien économique Handelsblatt se penche sur la cas du Nigeria. Nulle part ailleurs en Afrique n’existe un plus grand écart entre les illusions et la réalité que dans ce pays, qui avec ses quelques 180 millions d’habitants est le plus peuplé du continent. Au plus tard depuis que le pays a dépassé l’Afrique du Sud il y a trois ans comme première économie d’Afrique, le pays pétrolier était devenu l’enfant chéri des conseillers d’entreprises. Mais avec la chute du prix du brut et le déclin qui y est lié, il devient évident que le Nigeria a omis au cours des dernières décennies de diversifier son économie qui dépend à 75 % du pétrole.
Or, le prix du brut a diminué de moitié depuis 2014, ce qui fait mal d’autant plus que la production a baissé d’un tiers pour atteindre aujourd’hui seulement quelque 1,4 millions de barils par jour. L’une des raisons pour cela: les actes de sabotage de groupes militants dans le delta du Niger.
L’état des raffineries est aussi symptomatique pour la situation du pays. Elles sont depuis longtemps déjà tellement délabrées que le Nigeria, 8ème producteur mondial de pétrole, doit paradoxalement importer de l’essence à prix fort! On estime que la moitié des revenus du pétrole nigérian disparaissait jusqu’il y a peu de temps encore dans les poches de personnes privées – en tout des centaines de milliards de dollars depuis la découverte des gisements de pétrole dans le delta du Niger au début des années 70…Pénurie d'électricité, dévaluation de la monnaie, le Naira a perdu depuis juin 30% de sa valeur…Bref, le "moteur nigérian a des ratés" conclut le quotidien…
"Au Nigeria le prix d'un sac de 50 kilos de riz a doublé en l'espace de deux ans", relève de son côté la taz, die tageszeitung dans un article intitulé "Un mois de salaire pour un sac de riz". On doit payer aujourd'hui 18.000 Naira (soit plus de 50 Euro) pour un tel sac, ce qui correspond au salaire minimum mensuel, un salaire que beaucoup ne touchent pas. 56 ans après son indépendance, le pays le plus peuplé d'Afrique connaît sa plus grave crise économique", estime le quotidien berlinois..
Autre thème: La CPI et la défense du patrimoine culturel
Les journaux allemands se penchent aussi sur le procès d’un jihadiste malien condamné mardi lors d'un verdict historique à neuf ans de prison par la CPI pour avoir démoli des mausolées protégés à Tombouctou.
Le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi était membre du groupe islamiste Ansar Dine, qui à l’été 2012 contrôlait une partie du Mali. Al-Mahdi a été reconnu coupable d'avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia entre le 30 juin et le 11 juillet 2012. En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des moeurs, il avait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées, détruits à coups de pioche, de houe et de burin. Des sites classés au patrimoine universel par l'Unesco. La ville à la limite méridionale du Sahara était un important centre culturel de l’Islam au 15ème et 16ème siècle, rappelle la Süddeutsche Zeitung. A La Haye les juges de la Cour Pénale Internationale ont par ailleurs souligné que ces bâtiments n’avaient pas seulement une importance religieuse, mais avaient aussi une forte valeur symbolique et émotionnelle pour les habitants de Tombouctou.
C’est la première procédure judiciaire d’un tribunal international jugeant du délit de destruction de patrimoine culturel. Ce jugement, conclut le quotidien de Munich, est un avertissement sérieux pour tous ceux qui s’attaquent au patrimoine culturel de l'humanité.