Le partage de la Syrie et l'affaire Skripal
5 avril 2018Vladimir Poutine, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan ont affiché leur unité, hier, à Ankara. Les présidents russe, iranien et turc ont réaffirmé leur détermination à mettre un terme à la guerre en Syrie. Une rencontre qui fait partie des thèmes que la presse allemande commente aujourd'hui.
"La Syrie comme butin"
C'est sous ce titre que die tageszeitung revient sur "le partage de la Syrie" à Ankara. "Une nouvelle constitution pour la Syrie, la fin des combats et l'intégrité territoriale du pays", voilà les trois points principaux qui ressortent des discussions entre la Turquie, la Russie et l'Iran qui partent du principe que l'Occident veut se désengager de la région, maintenant que Donald Trump a annoncé le retrait, le plus vite possible, des troupes américaines.
Et la taz d'analyser les intérêts manifestes des entreprises russes et turques à remporter les contrats pour la reconstruction du pays quand six millions de déplacés auront besoin d'un nouveau toit.
Et Assad dans tout ça ?
Russie et Iran s'unissent pour bloquer la route aux Kurdes. En échange éventuellement d'une mise sous protectorat turc de la province d'Idleb.
La taz déplore par ailleurs que le sort du "dictateur syrien Bachar al-Assad" n'ait pas été évoqué.
Une analyse que n'est pas loin de partager la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que les trois puissances se sont déclarées "vainqueurs d'une guerre dont la fin n'est pas encore en vue".
La FAZ relève par ailleurs que le groupe "Etat islamique" n'attend qu'une brèche pour revenir tandis que les trois puissances, qui ont permis à Assad de remporter la mise, n'ont "aucun intérêt à l'établissement de la démocratie en Syrie.
Des "secrets si bien gardés"
Un mot de l'affaire Skripal avec un coup d'œil à la Süddeutsche Zeitung pour finir. Le journal revient sur la proposition de la Russie de faire participer ses propres enquêteurs à l'expertise censée éclairer les circonstances de l'empoisonnement d'un ancien agent double russe au Royaume Uni.
La SZ se demande comment cela pourrait être mis en pratique, si la Russie serait prête à ouvrir la porte de ses labos de recherche et à permettre ainsi l'accès à "ses secrets si bien gardés".
Et si l'enquête concluait à l'implication de Russes, le Kremlin accepterait-il les résultats ? Néanmoins, le quotidien note la situation délicate des Britanniques qui ne réussissent pas à prouver que les indices qui font suspecter une responsabilité de Moscou sont bien tangibles.
La fille de l'ex-espion, Ioulia Skripal, également empoisonnée, s'est exprimée ce jeudi pour la première fois depuis la tentative d'assassinat de son père. Elle affirme que son état de santé s'améliore mais réclame un droit à la vie privée. Par ailleurs, la Russie a indiqué qu'elle reconnaîtrait les conclusions de l'enquête sur la substance chimique utilisée lors de l'attaque contre l'agent russe et sa fille à Salisbury, début mars.