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Le parti anti-immigration AfD choque l'Allemagne

Konstanze von Kotze
25 septembre 2017

"Cauchemar", "consternation", "tournant historique" - voilà ce qu'on peut lire à la Une des médias allemands ce lundi. Des mots qui décrivent le choc produit par l'entrée, au Bundestag, du parti anti-immigration AfD.

Berlin Nach der Bundestagswahl - AfD
Image : picture-alliance/dpa/J. Stratenschulte

Il faut regarder les chiffres de près pour se rendre compte de l'étendue de la victoire de l'AfD. Et ne pas oublier que le succès marque d'autant plus les esprits qu'il s'agit d'un parti extrêmement jeune comparé à tous les autres - il a été créé en 2013.

Si elle est arrivée troisième au niveau national, l'AfD a fait encore mieux à dans les régions de l'ancienne Allemagne de l'est - elle a obtenu 21,5% des voix ce qui la place, en deuxième position, derrière la CDU.

En plus de la claque infligée aux conservateurs et aux sociaux-démocrates, la victoire de l'AfD dans l'ex-RDA est donc aussi une claque pour die Linke - le parti d'extrême gauche, traditionnellement très implantée dans ces régions autrefois communistes.

Mais Sarah Wagenknecht, tête de liste de die Linke, préfère voir la faute ailleurs. "Les mères et les pères de l'AfD sont les partis qui, ces dernières années, ont participé à l'accroissement des inégalités sociales, qui ont façonné le marché de l'emploi de telle façon que le travail est de plus en plus incertain et mal payé", explique-t-elle. "Qui n'ont rien fait pour contrer l'explosion des prix des loyers dans les grandes villes. Tous ces dysfonctionnements ont, au final et nous le regrettons, participé au succès de partis comme l'AfD."

 

Une victoire globale

 

Outre les partis traditionnels, c'est aussi la chancelière Angela Merkel qui est rendue en partie responsable, y compris dans ses rangs, de la montée de l'AfD.

Le fait qu'elle ait ouvert les portes de l'Allemagne à des centaines de milliers de migrants en 2015, mais aussi sa politique centriste qui brouille les cartes, font que 980.000 électeurs conservateurs ont voté cette fois pour l'AfD.

Mais le parti populiste a réussi le pari de piocher des voix dans tous les électorats, y compris chez les abstentionnistes.

C'est tout cela qui a fait dire dimanche soir à Angela Merkel que l'Allemagne était "face à un nouveau grand défi, l'entrée de l'AfD au Bundestag".

Peter Marschall, professeur de sciences politiques à l'Université Heinrich Heine de Düsseldorf explique que "entrer au Parlement, cela signifie pour l'AfD obtenir une plateforme pour pouvoir parler des thèmes qui lui tiennent à cœur, c'est pouvoir influencer l'agenda de la politique allemande, au moins verbalement. Et cela va avoir un impact sur l'ambiance politique en général et sur les autres partis. Car ces derniers vont réagir aux provocations  de l'AfD. On peut s'attendre à beaucoup plus de conflits au Bundestag, beaucoup plus de débats."

Alexander Gauland, l'une des têtes de liste du parti AfDImage : Reuters/C. Mang

 

Changement de ton au Bundestag

 

Le ton a d'ailleurs déjà été donné dès hier soir par Alexander Gauland, une des têtes de listes de l'AfD, a promis une "chasse" contre Angela Merkel.

Ce même Alexander Gauland qui a dénoncé une "islamisation grandissante de l'Allemagne" pendant la campagne et qui n'a pas hésité à vanter "les performances des soldats" de l'armée de Hitler.

Dans un pays où tous les gouvernements depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ont conduit une politique de repentance pour les crimes du IIIème Reich, ces déclarations ont de quoi faire frémir.

La position de monsieur Gauland ne fait d'ailleurs pas l'unanimité. Lundi matin, à la surprise générale, la vice-présidente de l'AfD a claqué la porte en déclarant qu'elle ne siégerait pas au sein du nouveau groupe parlementaire.

Ces dernières semaines, elle avait déjà attaqué à plusieurs reprises la radicalisation du mouvement qui a multiplié les attaques virulentes sur les migrants et les musulmans. 

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="fr"><p lang="de" dir="ltr">Der Führungsstreit der <a href="https://twitter.com/AfD">@Afd</a> eskaliert. Frauke <a href="https://twitter.com/hashtag/Petry?src=hash">#Petry</a> will nicht der Fraktion ihrer Partei angehören. <a href="https://twitter.com/hashtag/DeutschlandWaehlt?src=hash">#DeutschlandWaehlt</a> <a href="https://t.co/nQWkl8zWib">pic.twitter.com/nQWkl8zWib</a></p>&mdash; DW (Deutsch) (@dw_deutsch) <a href="https://twitter.com/dw_deutsch/status/912247581677207552">25 septembre 2017</a></blockquote>
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