Le plan de relance européen bloqué
17 novembre 2020Alors que l'Union européenne affronte une deuxième vague de Covid-19, le plan de relance économique, difficilement adopté en juillet, est menacé par deux pays membres : la Hongrie et la Pologne ont opposé lundi (16.11) leur veto au projet pour protester contre une clause qui conditionne les aides financières au respect des valeurs démocratiques.
L'Allemagne est dans une situation délicate: c'est elle qui avait proposé début octobre au Parlement européen d'inscrire l'état de droit comme condition pour le versement des fonds du plan de relance.
Le respect de l'état de droit inscrit dans le budget européen
Cette disposition tenait particulièrement à cœur aux eurodéputés, depuis la publication du premier rapport annuel sur la situation de l'état de droit dans l'Union européenne qui épinglait notamment la Hongrie pour ses atteintes à la liberté de la presse et la Pologne pour une réforme judiciaire susceptible d'entraver l'indépendance de la justice.
La clause sur l'état de droit a été adoptée la semaine dernière par le Parlement européen. Elle permettrait donc à la Commission européenne de déclencher le mécanisme de conditionnalité si une violation des valeurs démocratiques était constatée dans un Etat membre.
Depuis, la situation est bloquée. D'un côté, la Pologne et la Hongrie qui dénoncent un "chantage inacceptable" du Parlement européen. Leur veto bloque l'adoption finale du budget pluriannuel de l'UE auquel est lié le plan de 750 milliards d'euros destiné à aider les Etats membres à "se reconstruire après la pandémie de Covid-19".
Et de l'autre, le président du Parlement européen David Sassoli, qui s'est au contraire félicité que pour la première fois, le projet de budget "protège les valeurs de l'Union européenne". Il est d'autant plus satisfait qu'une autre exigence des eurodéputés a été prise en compte : celle d'augmenter les fonds alloués aux programmes de santé et d'éducation.
Entre les deux, l'Allemagne, chargée de trouver une solution en tant que présidente de l'Union européenne jusqu'à la fin de l'année. Ce matin, le chef de la diplomatie Heiko Maas s'est dit "convaincu" qu'une solution serait rapidement trouvée. Mais il faudra sans doute faire des compromis.
Inquiétude des ministres européens
Lors d'une visioconférence des ministres des Affaires européennes cet après-midi, le représentant de l'Allemagne, Michael Roth, a fait part de son inquiétude des conséquences du blocage sur les citoyens de l'Union européenne auxquels les aides financières ont été promises en juillet.
Les citoyens risquent "de payer un prix très élevé", y compris ceux de la Pologne et de la Hongrie, a prévenu Michael Roth lors de la conférence de presse. Il s'est dit toutefois "confiant" quant à la perspective d'un accord ces prochains jours.