Le retour du « Fantôme »
14 juillet 2004Pour Die Welt, cet ancien directeur du contre-espionnage allemand et fils politique de Franz Josef Strauss est la figure-clé dans l’affaire des subventions à la CSU et régisseur présumé de l’affaire de la vente de 36 véhicules blindés à l’Arabie Saoudite. Mais sa réapparition pourrait influencer de manière décisive l’issue du procès actuellement ouvert à Augsbourg contre Max Strauß, le fils de l’ancien « Taureau de Bavière » dont le jugement doit être rendu demain.
La Badische Zeitung, de Fribourg, voit dans cette arrestation la chance d’apporter enfin la lumière sur ces affaires qui ont secoué les fondements de la RFA et entaché la réputation de sa classe politique : la raffinerie de Leuna, les subventions au profit de la CSU, la livraison de blindés à l’Arabie Saoudite et celle de sous-marins à Taïwan. Avec cette arrestation, l’Etat de droit démontre qu’il fonctionne de nouveau, se félicite le journal.
Même son de cloche à la Süddeutsche Zeitung pour qui l’enquête va devoir se pencher de nouveau sur les rapports qui existaient entre pouvoir et argent du temps d’Helmut Kohl. L’arrestation de Pfahls est une raison à la fois politique et juridique de demander si des décisions politiques prises par le gouvernement d’Helmut Kohl ont été ou non influencées par des pots-de-vin. L’ex-chancelier avait par deux fois déclaré devant la Commission d’enquête parlementaire en l’an 2000 que son gouvernement n’avait pas été vénal. Il n’en reste pas moins que Ludwig Pfahls, accusé d’avoir perçu près de 4 millions, a été Secrétaire d’Etat du gouvernement Kohl de 1987 à 1992.
La Frankfurter Rundschau parle du retour du fantôme. Et s’interroge pour savoir si le sexagénaire est disposé à parler et surtout à révéler les secrets du cabinet Kohl et des ses fameuses caisses noires. Pourtant, que l’on ne se fasse pas trop d’illusions, prévient le journal. Même si le Parquet d’Augsbourg est certain de faire plonger l’ancien homme politique pour fraude fiscale, l’accusation de corruption, elle, est déjà prescrite au bout de 10 ans. Pourtant, le véritable suspense concerne surtout les implications de l’ancienne trésorière de la CDU, Brigitte Baumeister, et de Wolfgang Schäuble, le dauphin d’Helmut Kohl. Dénouement criminel ou bouleversement politique, c’est le fantôme qui tire une fois de plus les ficelles, conclut le journal.