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Tierno Monénembo

6 avril 2011

Dans ce roman foisonnant, on découvre le Fouta-Djalon, le grand plateau au centre de l'actuelle Guinée. On fait également la connaissance d'un Français colonialiste, mais pas foncièrement raciste.

Image : AP

L'action se passe dans la Guinée du 19e siècle. Au coeur du roman : Aimé Victor Olivier, qui deviendra le Vicomte de Sanderval, un vicomte qui a joué un rôle essentiel dans la colonisation de l'Afrique occidentale. Et pourtant, il a été effacé de l'histoire - des Français tout au moins. Car cet explorateur pensait que les gènes de l'homme blanc étaient en train de fléchir, et qu'il fallait passer le flambeau aux Noirs pour la maîtrise du monde.

"Le roi de Kahel", un roman biographique.

On sent, dans "Le roi de Kahel", que Tierno Monénembo aime ce personnage de Sanderval qui, souligne-t-il, a bercé son enfance. Le plus vieux quartier de Conakry porte son nom : Sandervalia, le Musée national est situé dans l'ancienne maison du vicomte, le Palais présidentiel guinéen a été bâti sur l'un de ses anciens terrains.

Carine Debrabandère est fan de la littérature foisonnante de Tierno MonénemboImage : DW

Olivier de Sanderval est issu d'une riche famille d'industriels lyonnais. Lui-même est un grand ingénieur, il a construit de nombreuses usines chimiques en Europe. Mais cet apprenti explorateur a une passion, l'Afrique. Il veut en fait - et il s'agit là d'une démarche colonialiste d'un Européen imbu de lui-même - propager la civilisation occidentale basée sur la technique. C'est un mythomane, pur produit du 19e siècle, mais qui fonde son action sur l'échange et non sur la conquête, contrairement à l'administration coloniale française.

Un chemin de fer qui traverse l'Afrique

Oliver de Sanderval veut en fait construire un chemin de fer qui traverse l'Afrique de part en part. Il choisit de le bâtir au Fouta-Djalon, un pays montagneux à égale distance des côtes et des massifs de l'intérieur. Le vicomte pense qu'il est préférable de travailler avec des empires bien structurés. De là, son grand intérêt pour la société peule, à l'époque un régime féodal basé sur l'islam, dirigé par des marabouts érudits. Après une série de péripéties, il arrive à vaincre l'hostilité des populations, et notamment celle de l'almâmi, le chef suprême des Peuls, l'instigateur de scènes drôlissimes dans le roman. C'est l'almâmi qui accordera à Sanderval un royaume, le Kahel, un haut-plateau de 20 km de longueur. Mais ce sont les Français qui le délogeront. Olivier de Sanderval sympathise trop à leur goût avec les Africains.

"Le Roi de Kahel" est paru aux Editions du Seuil. Il a reçu le Prix Renaudot en 2008.

Auteur : Carine Debrabandère
Edition : Elisabeth Cadot

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