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Le SPD à la croisée des chemins

22 janvier 2018

Le SPD a finalement dit "oui" aux négociations de coalition avec la CDU/CSU mais le fossé se creuse entre la base militante et les cadres du parti. L'heure est aux choix idéologiques.

Außerordentlicher SPD-Parteitag
a Abstimmung
Image : Reuters/W. Rattay

On est loin d'une majorité écrasante. Mais 56,4%, c'est quand même une majorité ; les responsables du SPD ont décidé hier que leur parti devait ouvrir des négociations avec les conservateurs allemands en vue de former une coalition gouvernementale.

Martin Schulz, le chef de file des sociaux-démocrates, a beau afficher son soulagement, il devra faire un grand écart pour négocier, avec la CDU/CSU, une alliance qui convienne à la base militante de son parti.

Kevin Kühnert incarne les jeunes critiques au sein du SPD, qui ne veulent plus faire de compromis avec les conservateursImage : Imago/R. Zensen

Une situation inconfortable

D'un côté, certes, les cadres du parti obtiennent un ticket pour continuer peut-être à co-gouverner, mais de l'autre, ils sentent bien que le fossé se creuse avec la base et le mouvement de jeunesse social-démocrate, les Jusos, traditionnellement plus à gauche que les cadres du parti. Kevin Kühnert est l'étoile montante des Jusos, il avait appelé à voter "non" aux négociations de coalition :

"Après 12 ans d'Angela Merkel et huit ans de grande coalition, nous n'avons plus tellement de points communs. Depuis des années, nous sommes prisonniers de ce cercle sans fin : en fait, on n'a pas envie de la grande coalition, mais on se sent obligé. Il faut sortir de cette logique, camarades !"

Même après le congrès de dimanche à Bonn, "la base luttera" (contre la "GroKo", la grande coalition) comme le proclame cette campagne relayée sur les réseaux sociaux:

Réunir les courants

Martin Schulz définit donc ainsi sa première tâche : ""essayer de ressouder le parti". Et de tenter de rassurer en affirmant "à ceux qui critiquent notre décision, je réponds : bien sûr que nous prendrons en compte toutes vos remarques dans les négociations de coalition."

Martin Schulz a tenté de convaincre ses camarades. Il y est parvenu mais le travail de persuasion sera encore longImage : picture alliance / Federico Gambarini/dpa

Plus facile à dire qu‘à faire, car, comme le répètent les conservateurs depuis hier : les pourparlers préalables ont déjà fixé le cadre des négociations qui vont s'ouvrir.

La marge de manœuvre du SPD est donc limitée pour revenir sur les mesures que ses militants considèrent comme des compromis trop importants avec leurs idéaux, notamment en matière de politique sociale ou d'accueil des réfugiés. Ce que le vice-président du groupe parlementaire SPD, Karl Lauterbach, résume en ces termes, "Il faut qu'on obtienne plus", qui sonnent presque comme une injonction pour se donner courage à soi-même.

Les attentes sont d'autant plus importantes au sein du parti que le projet de reconduction de la grande coalition pourrait encore échouer ; les militants du SPD devront donner leur aval après la fin des négociations. Ou pas.

 

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