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Le Tchad peine à mettre fin au conflit agropastoral

19 mai 2025

38 morts dénombrés dans des affrontements autour de terres. Le Tchad affirme avoir pris en main le dossier. Mais des observateurs restent sceptiques.

Un jeune peul sort les zébus de son troupeau pour les faire paître à Toucountouna au Bénin
La communauté peule s'adonne souvent à l'élevageImage : Marco Simoncelli/DW

Après le massacre qui s'est déroulé dans la localité de Mandakao dans la province du Logone dans le sud du Tchad les arrestations n'ont pas manqué. Sur la liste des personnes interpellées, l'ancien Premier ministre de la transition

Il aurait été arrêté suite à un audio dont la DW n'a pas pu vérifier l'autenticité et qui circule sur les réseaux sociaux appellant les agriculteurs à s'attaquer aux Peuls.

Mais le conflit entre éleveurs et agriculteurs au Tchad ne date pas d'hier. Pour essayer d'apaiser les tensions, le gouvernement a dépêché sur place deux ministres : celui de l'Administration du territoire et celui de la Sécurité publique. 

"Des équipes sont sur place. Les deux communautés sont aussi en train de discuter. Les représentants des différents chefs de race sont en contact avec eux, l'administration locale et l'administration centrale. Sinon, il y aurait eu des vengeances et heureusement, on l'a empêché jusque-là à travers des actions de conciliation et pour calmer la situation", déclare Aziz Mahamat Saleh, secrétaire général du MPS, Mouvement Patriotique du Salut, qui est au pouvoir.

Des tensions vieilles de plusieurs années

Mais l'opposition estime que la réponse du gouvernement quant à la résolution du conflit est superficielle. Si les tensions durent depuis plusieurs années, selon Ndolembaye Sadé Njesada, l'un des vice-présidents du parti Les Transformateurs de Succès Masra, c'est en partie à cause du manque de volonté des autorités.

"Que ça soit une manipulation ou pas, là n'est pas le débat. Le débat est : comment faire pour que ces événements ne se répètent ? D'où mon assertion selon laquelle il y a le manquement d'un engagement politique qui n'est pas au rendez-vous. Monsieur le Président Mahamat Idriss Déby doit simplement prendre ses responsabilités".

Depuis des années, des rapports d'organismes de défense des droits humains ont mis en évidence la possession d'armes à feu au sein des communautés en conflit. Certains dans l'opinion accusent les membres du gouvernement d'être complices dans certains cas.

Mahamat Idriss Déby Itno est critiqué pour des manquements quant à la gestion de ce conflitImage : Präsidentschaft des Tschad

Remadji Hoinathy, chercheur principal à l'Institut d'études de sécurité en Afrique centrale et au bassin du lac Tchad explique que "normalement au Tchad, les armes s'obtiennent avec une autorisation expresse du gouvernement, donc les individus se retrouvent avec des armes de manière anarchique".

"Pour moi, ça pose simplement un problème d'incapacité du gouvernement à jeter le plus désordonné des armes dans le pays. C'est pourquoi je pense que l'opinion publique, dans certains cas, pointe du doigt le gouvernement d'être de connivence avec ces gens qui possèdent les armes".

Selon International Crisis Group, entre 2021 et 2024, ces conflits agropastoraux ont déjà fait plus d'un millier de morts et 2 000 blessés dans le sud et le centre du Tchad.