Le test...
13 février 2013Ce n'était pas un hasard si Pyongyang a réalisé son troisième essai nucléaire quelques heures avant le discours de Barack Obama sur l'état de la nation, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le père de l'actuel dictateur nord-coréen savait déjà manier l'art « d'envoyer au monde des messages détonnants ». Avec succès d'ailleurs, puisque personne ne peut se permettre d'ignorer la Corée du Nord. Pourquoi changer une stratégie qui gagne ?
Pour die Welt, Barack Obama se trouve ici à la croisée des chemins. Il y a 40 ans, les États-Unis ont réussi à obliger la Corée du Sud, Taïwan et le Brésil à renoncer à leurs programmes nucléaires. Pour la Corée du Nord, cette politique a échoué. Le traité de non-prolifération nucléaire vacille, les sanctions restent inefficaces et l'Iran pourrait être le prochain pays à tester la bombe atomique. Partir maintenant en guerre contre Pyongyang signifie aussi, le cas échéant, en faire autant à l'égard de Téhéran. Le problème est que le savoir-faire nucléaire ne se laisse neutraliser ni par les bombes, ni par la faim.
La Corée du Nord ne survit que grâce aux livraisons de pétrole et à l'aide apportée par son voisin chinois, explique die tageszeitung. Cela fait longtemps que Pékin, qui souffrirait fortement de l'effondrement de l'économie nord-coréenne, s'oppose aux sanctions prononcées contre la dernière dictature communiste de la planète. En début d'année pourtant, le Conseil de Sécurité a renforcé à l'unanimité les sanctions contre la Corée du Nord en réaction à l'essai nucléaire de décembre dernier. Cette fois-ci, la Chine a voté pour, au grand dam de Pyongyang.
Les réactions à cet essai nucléaire ne surprennent pas, analyse la Süddeutsche Zeitung. Tous les États de la terre manifestent leur rejet, y compris les alliés chinois. Sur le fond, elles sont similaires à celles qui ont suivi le deuxième test. Il est vrai que ces tests ne modifient en rien le statu quo dans la région ni l'équilibre géostratégique vis-à-vis de Washington. Même si les techniciens nord-coréens ont réussi à réduire la taille de leur bombe tout en lui conservant la même puissance de déflagration - condition obligatoire à la construction de missiles nucléaire - la Corée du Nord est encore très loin de devenir une menace nucléaire pour les États-Unis, conclut le quotidien de Munich.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Katia Bitsch