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Le ton monte entre la Russie et l’Ukraine

Ph.Pognan2 janvier 2006

Gazprom voulait plus que quadrupler le prix de son gaz facturé à l'Ukraine. Les autorités ukrainiennes avaient proposé un relèvement progressif des tarifs sur 5 ans, ce que Moscou a rejeté…

Installation gazière en Ukraine
Installation gazière en UkraineImage : dpa

Depuis le 1er janvier, le géant russe Gazprom a mis ses menaces à exécution et diminué la pression dans le système de gazoducs. Seules, les quantités destinées à l’exportation vers l’Europe continuent, théoriquement, à transiter par le territoire ukrainien. Théoriquement puisque en Europe Centrale, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne font tous état de fortes baisses des volumes qui leurs sont livrés. Le gaz en provenance de Russie représente aussi 25% de la consommation en Europe occidentale dont 80% transitent par l'Ukraine... A elle seule, la Russie fournit plus de 35% du gaz consommé en Allemagne, mais Berlin a aussi des contrats de livraison avec d'autres pays, et des réserves suffisantes pour 75 jours.

« Pas de nouveaux contrats avec des tarifs révisés – pas de gaz » déclare-t-on du côté russe. « Les vieux contrats sont encore valides » , prétend-on du côté ukrainien. La dispute des deux frères slaves commence à inquiéter les pays d’Europe qui sont livrés en gaz naturel par la Russie via des gazoducs ukrainiens. Le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Javier Solana est en contact avec Moscou et Kiev pour qu’ils reprennent les négociations. Gazprom assure pourtant que l’Europe est toujours livrée en gaz, soit 360 millions de mètres cube par jour. Si quelque part le gaz fait défaut, c’est que l’Ukraine détourne à son compte du gaz destiné aux clients d’Europe centrale et de l’Ouest, déclare Gazprom. L’Ukraine, elle, assure tenir ses engagements, et disposer du reste de gaz du Turkménistan et de propres réserves. Mais, selon le vice-président de Gazprom, Alexander Medwedew :

" Depuis hier, l’Ukraine a volé 100 millions de tonnes de mètres cube de gaz d’une valeur de 25 millions de dollars. Des sommes considérables. Encore une fois, pour mettre les choses au clair : aucun gaz du Turkménistan n’est envoyé vers les gazoducs ukrainiens, seulement du gaz de Russie. Gazprom livre seulement le gaz destiné à l’exportation..."

Du côté russe, on assure seulement vouloir adapter les tarifs du gaz russe en Ukraine au niveau international. Mais cela ne semble pas être vraiment la seule raison, comme le révèle indirectement Andrej Kokoschin, président de la Commission de la CEI, la Communauté des Etats Indépendants qui a succédé à l’URSS:

" Quand on ne veut pas s’intégrer - et l’Ukraine ne le veut pas – comme la Russie et d’autres états membres de la CEI le proposent, alors on n’a qu’à vivre selon les normes et la législation de l’Union européenne"

Selon Kiev, le gouvernement de Vladimir Poutine n’aurait pas pardonné l’orientation pro-occidentale du président ukrainien Victor Ioutchenko depuis la "révolution orange" il y a un an. Moscou voudrait exercer des pressions à l'approche de législatives en Ukraine prévues en mars 2006. Tandis que la population russe soutient entièrement la politique de Gazprom, les ressentiments anti russe gagnent du terrain chez les voisins ukrainiens. Quoiqu’il en soit, cette affaire n’est pas pour redorer le blason de la Russie sur la scène internationale au moment même où Moscou prend ce mois-ci et pour la première fois la présidence du G8...

En début de soirée, le géant gazier russe Gazprom a assuré garantir sans conditions l'approvisionnement de l'Union européenne dans les 24 heures. C’est ce qu’a affirmé le vice-président du groupe Gazprom, Alexandre Medvedev à Martin Bartenstein, ministre de l'Economie d'Autriche, pays qui préside l'Union européenne ce semestre…