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Le "Tribunal sur le Congo":qui est responsable de la guerre?

Philippe Pognan5 juin 2015

Milo Rau, artiste conceptuel qui travaille sur des thèmes politiques, réunit à Bukavu les acteurs du conflit qui déchire l'est du Congo depuis une vingtaine d'années.

Kongo Theater Schweizer Regisseur und Autor Milo Rau
Le metteur en scène et auteur Milo Rau tourne une scène en RDC pour son nouveau projetImage : Milo Rau/International Institute of Political Murder

De l'avis de son auteur, journaliste, artiste et metteur en scène le Suisse Milo Rau, il s'agit là, du "plus fou projet politique d'art contemporain". Un projet qui porte sur la guerre en RDC, le conflit qui a fait le plus de victimes depuis 1945…

Plus de six millions de gens sont morts dans l'est de la République Démocratique du Congo depuis le début de la guerre civile il y a vingt ans, rappelle le quotidien Süddeutsche Zeitung. Le plus gros contingent de casques bleus de l'histoire est sur place, mais semble bien impuissant à ramener la paix.

Milo Rau, né en 1977 à Berne en Suisse , s'occupe depuis longtemps déjà du thème de la violence. "Les derniers jours des Ceausescus" sur la fin du dictateur roumain et de sa femme, "La déclaration de Breiviks", le néo - nazi norvégien, ou bien "Hate Radio" sur le génocide rwandais, tous ces projets mettaient en scène des bourreaux et des victimes, beaucoup de victimes. Son nouveau projet, "Le tribunal sur le Congo" se distingue des projets précédents en ceci que la guerre dont il est question ici n'est pas terminée. Au Congo on continue d'assassiner, d'enlever, de violer ou de déplacer les populations.

Les rebelles sont légion au Congo. Ici des combattants de l'UPC (en février 2003)Image : AP
Les casques bleus ne contrôlent guère la situation.Image : AP

Ce week-end, Milo Rau rassemble les acteurs de cette guerre dans l'est de la RDC à Bukavu: des responsables politiques congolais venus de la lointaine capitale et des opposants, des militaires et des rebelles, des fonctionnaires de la Banque Mondiale, des employés d'entreprises minières de même que de simples citoyens congolais, des déplacés, des expropriés, des victimes de violence.

Trois jours durant, les participants parleront de la guerre, et à la fin un tribunal international composé de juristes décidera qui porte la responsabilité de cette guerre. Ce sera certes une procédure fictive, symbolique et le verdict n'aura pas de validité légale. Mais, et c'est tout l'espoir de l'auteur du projet Milo Rau, il aura un effet moral dans la tradition de Jean-Paul Sartre ou de Bertrand Russell et de son " Tribunal sur le Vietnam"…

Dans le courant du mois de juin, le jury se réunira encore une fois trois jours durant, cette fois à Berlin, pour évoquer les implications de l'Union européenne , de la Banque Mondiale et des entreprises internationales en RDC. Et à l'automne, un film relatant les six journées de rencontre de Bukavu et de Berlin sortira dans les cinémas aussi sous le titre : "Le Tribunal sur le Congo“. Pour Milo Rau, l'art doit agir globalement pour répondre aux questions globales de notre époque...

Autre thème: le Soudan du Sud et l'expulsion d'un représentant de l'ONU

Toby Lanzer, coordinateur des Nations unies pour les affaires humanitaires a été déclaré persona non grata par le gouvernement sud-soudanais. Le quotidien Berliner Zeitung relève que l'administration du président Salva Kiir n'a pas donné les motifs de cette décision que le Secrétaire général de l'ONU a critiquée. Ban Ki Moon a exigé que le gouvernement à Juba annule cette mesure.

Au cours des dernières semaines, Lanzer, dont le service au Soudan du Sud touchait de toute façon à sa fin, avait averti de plus en plus fermement qu'une catastrophe humanitaire menace le pays. Rien que dans la province agitée de "Unity" dans le nord, 300.000 personnes sont complètement coupées de toute aide, a prévenu le coordinateur des Nations unies. Le pays ravagé par une guerre civile, est au bord de la faillite, avec des revenus pétroliers drastiquement en baisse et une dévaluation galopante de sa monnaie. Au cours des 12 derniers mois, la livre sud-soudanaise a perdu la moitié de sa valeur, alors que les prix pour les denrées alimentaires telle que le mais ont augmenté de 70% !

Dans la province de Unity, les bébés sont particulièrement menacés par la sous-alimentation.Image : AFP/Getty Images/C. Lomodong
Toby Lanzer, expulsé du Soudan du SudImage : UN Photo/Martine Perret

Au cours des trois prochains mois 40% des onze millions d'habitants du Soudan du Sud souffriront de la faim, dont quelque 900.000 enfants de moins de 5 ans. Aujourd'hui déjà, 10% des enfants de moins de 5 ans de la province de "Unity" souffrent gravement de carences alimentaires. En clair: ces enfants vont mourir si on ne leur porte pas rapidement une assistance alimentaire thérapeutique.

Réfugiés sud-soudanais en mai 2015 au camp de Kuernynag dans l'Etat de Jongle, près de la frontière avec l'Etat d'Unity.Image : AFP/Getty Images/C. Lomodong

Face aux nombreux foyers de crise dans le monde, les organisations onusiennes ont de plus en plus de mal à assurer l'aide nécessaire à la population du Soudan du Sud. Pendant ce temps, critique la Berliner Zeitung, les combats se poursuivent entre soldats gouvernementaux et rebelles, malgré pas moins de huit accords de cessez-le-feu signés au cours des derniers dix-huit mois !