Guinée-Bissau : la mise en garde du président Embalo
7 juin 2023Si le scrutin de dimanche (04.05) s’est globalement bien déroulé et alors que les résultats provisoires sont attendus pour ce mercredi (07.06), le président Umaro Sissoco Embalo s’est montré menaçant envers l’opposition.
Il a notamment laissé entendre, après avoir voté à Gabu, à environ 250 kilomètres de la capitale Bissau, qu'il n'admettrait pas le désordre et que "celui qui gagnera sera celui qui gouvernera".
"Nous connaissons des gens qui n'acceptent pas les résultats des élections mais c'est fini maintenant. Cela ne se produira pas avec moi. Le peuple choisira en conscience et celui qui sera choisi sera celui qui gouvernera. Vous pouvez être rassurés", a déclaré le président Embalo.
Une déclaration contradictoire puisque le chef de l'Etat a répété durant la campagne électorale qu'il ne nommerait pas comme Premier ministre, même s’il remportait les élections, le président du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Domingos Simões Pereira, qui dirige la coalition Plaforma Aliança Inclusiva-Terra Ranka.
Quel Premier ministre ?
Domingos Simões Pereira était son adversaire au second tour de l'élection présidentielle et avait contesté sa victoire devant la Cour Suprême de Justice.
Umarou Sissoco Embalo a justifié cette décision par le fait que Domingos Simões Pereira devait "répondre devant la justice", sans préciser de quels faits il s’agissait.
Tout comme d’ailleurs le vice-président du PAIGC, Geraldo Martins, toujours selon les propos du président bissau-guinéen.
"Si la coalition gagne, la coalition annoncera sa proposition et sa candidature. Je suis simplement le président de la coalition. La coalition est une structure qui connaîtra les propositions en fonction des droits gagnés. La seule crainte est l'éventualité que quelqu'un veuille jouer avec la volonté exprimée du peuple bissau-guinéen. J'espère que nous aurons le bon sens de ne pas nous livrer à ce genre de plaisanterie", retorque pour sa part, Domingos Simões Pereira de la coalition Plaforma Aliança Inclusiva-Terra Ranka.
Scrutin calme
La mission d'observation de la Cédéao s’est félicitée du bon déroulement de ce scrutin. Son président, Jorge Carlos Fonseca, a estimé que ces élections législatives s’étaient déroulées dans une atmosphère de "tranquillité et de civilité" avec une participation supérieure à 70%.
Satisfecit également de la mission d'observation électorale de l'Union africaine. Joaquim Chissano, le chef de la mission, a souligné le "calme" avec lequel le processus s'est déroulé et a appelé à ce que la situation reste pacifique après les élections.
La Commission nationale électorale a également appelé la population à rester "calme, sereine et vigilante" jusqu'à l'annonce des résultats et a demandé aux partis de faire preuve de "sens des responsabilités".
La Commission nationale électorale affirme que les résultats provisoires seront publiés "dès mercredi".
Environ 900.000 électeurs étaient appelés à choisir les 102 nouveaux membres du parlement dans ce petit pays d’Afrique réputé l’un des plus instables du continent.