L'Eglise peut-elle vraiment être médiatrice au Cameroun ?
26 avril 2018L'organisation de recherche sur les conflits "International Crisis Group" estime que, face à l'aggravation de la crise anglophone au Cameroun, l'Eglise catholique est en mesure de jouer le rôle de médiateur entre le pouvoir et les sécessionnistes. L'ICJ estime, dans un rapport publié ce jeudi, que l'église camerounaise est quasiment le seul acteur en mesure d'intervenir pour promouvoir le dialogue. Mais ces conclusions ne sont pas partagées par tous, à l'image du sociologue camerounais Edmond Mballa Elanga.
Il explique d'abord que l'Eglise et le pouvoir ne sont pas en "très bons termes ces derniers temps". "L'Eglise catholique camerounaise, depuis le processus de démocratisation du Cameroun en 1998, a soutenu des mouvements, des revendications des populations, et ça n'a pas toujours été du goût des pouvoirs publics".
Divergences de points de vue
Un second problème réside, selon-lui, dans les divergences au sein même de l'Eglise. "L'Eglise connait en son sein, des divisions. Le clergé lui-même n'est pas unanime sur le comportement à adopter." Il raconte qu'en zone anglophone, l'Eglise a soutenu les fermetures d'écoles par exemple, pour exiger de l'Etat qu'il n'use pas de l'option militaire. "Ce sont des positions du coté anglophone, mais, par exemple à Yaoundé le diocèse n'avait pas la même vision".
Pour Edmond Mballa Elanga, le Cameroun est touché "par des velléités de tribalisme". "L'Eglise n'est pas épargnée par une lecture disons subjective d'un certain nombre de faits. On voit que dans l'Eglise il y a, à la fois les pro-régime et les anti-régime."