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L'Egypte à la croisée des chemins

19 décembre 2011

Près d'un an après le début de la révolte en Egypte, le bilan est morose. L'armée tarde à quitter le pouvoir, la victoires des islamistes effraie libéraux et chrétiens, bref la révolution semble loin d'être terminée.

Egyptians gather around graffiti on the ground with Arabic words reading " January 25, Egypt's greatest and noblest day, Martyrs square" at Tahrir Square in downtown Cairo, Egypt, Saturday, Feb. 12, 2011. Egypt exploded with joy, tears, and relief after pro-democracy protesters brought down President Hosni Mubarak with a momentous march on his palaces and state TV. Mubarak, who until the end seemed unable to grasp the depth of resentment over his three decades of authoritarian rule, finally resigned Friday and handed power to the military. (Foto:Khalil Hamra/AP/dapd)
"25 janvier, le plus beau et le plus noble des jours en Egypte"Image : dapd

Il s'appelle Keizer un nom d'emprunt pour ce graffeur de 33 ans qui dessine depuis la révolution des caricatures du maréchal Tantawi ou d'autres personnes clés de l'ancien régime. Une liberté de ton totale pour cet artiste qui n'aurait jamais osé graffer avant le 25 janvier. C'est là pour lui la grande réussite de cette révolution.

« Le plus grand changement c'est qu'après la révolution, les gens qui ont toujours cherché à s'exprimer à travers les arts, qui ont du talent, ont pu le faire. La révolution a été la meilleure occasion pour eux de monter des projets pour matérialiser enfin leurs pensées. Et contrairement à avant, ces projets sont aujourd'hui très pris au sérieux. Par exemple, vous avez des groupes de musique très créatifs qui n'arrivaient pas à percer avant la révolution. Maintenant, on assiste à une renaissance de cette énergie créative. Pas seulement dans la musique, dans les arts en général, dans le cinéma... car il n'y a plus de censure, tous les tabous ont sauté. »

File d'attente devant un bureau de vote à Gizeh lors des élections législativesImage : dapd

Mais comme la majorité des jeunes Egyptiens, Keizer a peur de voir se faire confisquer sa révolution par des proches de l'ancien régime ou des religieux.

« La plus grande peur c'est bien sûr que les frères musulmans prennent le contrôle du pays ou que les militaires continuent à gagner du poids. Et je pense que tous les jeunes ont ces peurs. Parce que nous ne voulons ni d'un état religieux, ni d'un état militaire. Nous voulons un état démocratique loin de ces deux modèles. »

Pour l'Onu, les forces de l'ordre font un usage "excessif" de la violenceImage : dapd

Les élections parlementaires sont toujours en train de se dérouler et pour le moment ce sont les frères musulmans et les salafistes qui raflent la mise avec plus de 60% des voix. Ce sont donc eux qui seront en position de force pour rédiger la future constitution du pays.

Les révolutionnaires ne veulent pas entendre parler de ce parlement, ils demandent le départ du pouvoir des militaires d'où les émeutes qui se déroulent actuellement aux alentours de la place Tahrir.

La révolution continue

Les images des soldats battant à mort les manifestants ont fait le tour du pays mais une grande partie de la population est encore très solidaire de au conseil militaire. Pour ce journaliste égyptien, révolutionnaire, la bataille pour la démocratie se gagnera avec la patience : « Je pense qu'on doit poursuivre notre révolution. On ne va pas rentrer chez nous. On va continuer à se battre pour réaliser nos rêves. On a gagné du terrain. On doit continuer. Oui il y a des obstacles mais ceux qui ont brisé un régime comme celui de Moubarak sont capables d'abattre tout obstacle qui se dresse sur leur chemin. » La révolution semble encore n'être qu'à son début en Egypte

Auteur : Marion Touboul
Edition : Marie-Ange Pioerron

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