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L'Egypte toujours dans la tourmente

Marie-Ange Pioerron12 juillet 2013

La revue des thèmes africains traités dans la presse allemande commence par le nord de l'Afrique. Les journaux continuent de suivre de près la situation en Egypte.

Manifestion pro-Morsi au Caire le 12 juillet 2013Image : Marwan Naamani/AFP/Getty Images)

Cette Egypte en plein bouillonnement place les occidentaux devant un dilemme, estime l'hebdomadaire Die Zeit. Si nous approuvons le putsch contre le président élu Mohamed Morsi, parce que les militaires ont ainsi empêché un déversement de la colère populaire contre le gouvernement islamiste, cela signifie que nous prenons les élections au sérieux uniquement lorsque le résultat nous convient. Si nous condamnons le putsch, nous trahissons les millions d'Egyptiens qui ont été encore plus nombreux qu'avant la chute de Moubarak à descendre dans la rue. Leur argument est le suivant, poursuit le journal: Mohamed Morsi a été démocratiquement élu, mais a gouverné de manière non démocratique. Le putsch a ouvert la voie à de nouvelles possibilités, estime Die Zeit. Nous verrons si c'est en bien ou en mal. Un référendum constitutionnel, des élections législatives et une élection présidentielle sont annoncés, mais personne ne peut prédire si elles seront équitables et pacifiques. Le quotidien Die Welt voit l'Egypte dans une impasse. Elle est aujourd'hui si divisée qu'elle semble pratiquement ingouvernable. Pour le Handelsblatt, un journal économique, l'Egypte se retrouve à présent là où elle a été pendant 60 ans: entre les mains d'une dictature militaire. La nomination de l'économiste Hazem Beblawi au poste de premier ministre n'y change rien. L'unique bonne nouvelle, c'est la fin d'un dévôt qui voulait faire le bonheur des autres et a poussé son pays à la ruine. Bien malin qui peut prédire comment la tragédie se terminera, souligne le journal, qui évoque deux perspectives. La pire aurait pour nom "Algérie" , là où l'armée en 1991 a répondu par la guerre à la victoire électorale des islamistes. La meilleure serait que l'armée agisse comme l'a fait autrefois l'armée turque: elle intervient, elle prépare le terrain à une sorte de démocratie et elle se retire dans ses casernes.

Manifestation anti-Morsi, le 2 juillet 2013, avec le présentateur de télévision Wael el-EbrashyImage : Reuters

La Frankfurter Allgemeine Zeitung ose espérer que le pire ne l'emportera pas. Si la classe politique, écrit le journal, réussit vraiment à respecter le calendrier fixé par le président intérimaire Adli Mansour et à élire d'ici à février 2014 un nouveau président et un nouveau parlement, le pays reposera sur des piliers plus solides qu'après la chute de Hosni Moubarak. L'élection d'un parlement et d'un chef de l'Etat avant l'adoption d'une nouvelle constitution a été l'une des raisons avancées pour expliquer l'échec de la première tentative de renouveau institutionnel en Egypte. Mais poursuit le journal, ceux qui, il y a dix jours, étaient aux premiers rangs pour provoquer la chute de Mohamed Morsi doutent à présent que la deuxième tentative réussisse. Les défenseurs des droits de l'homme comme la gauche et les libéraux reprochent à Adli Mansour de s'être arrogé trop de pouvoirs. Ceux qui ont été au coeur de la bataille se retrouvent aujourd'hui en marge de la politique, souligne le journal.

Soldats patrouillant entre l'aéroport et le port de Kismayo, novembre 2012Image : picture-alliance/dpa

Pas de soldats allemands à Mogadiscio

La presse allemande revient sur un sujet qu'elle a déjà évoqué il n'y a pas si longtemps: c'est la formation de soldats somaliens par l'armée allemande. Cette formation qui s'inscrit dans un cadre européen s'est déroulée jusqu'à présent en Ouganda, et l'Allemagne n'est pas pressée de la poursuivre en Somalie. Comme le relève le Tagesspiegel de Berlin, onze militaires allemands sont présents actuellement en Ouganda. Mais à l'approche des élections législatives en Allemagne (elles auront lieu le 22 septembre) Berlin préfère ignorer le déménagement, en Somalie, de la mission de formation de l'Union européenne. Conformément pourtant à une décision de l'UE, le nouveau centre de formation a été inauguré à Mogadiscio dès le mois de mai - avec des soldats finlandais, italiens, irlandais, espagnols et britanniques. Les Allemands manquaient à l'appel - de même, précise le journal, que les Suédois et les Néerlandais. Le quotidien Die Welt note que cette mission de formation commencée en 2010 commence à porter des fruits. Depuis plus d'un an Mogadiscio est sous le contrôle du gouvernement somalien. Aux côtés des troupes de l'Union africaine les soldats somaliens ont aussi gagné de plus en plus de terrain à l'extérieur de Mogadiscio et selon le commandant de la mission européenne, le général de brigade irlandais Gerald Aherne, cela n'est pas sans rapport avec la formation dispensée par les Européens. D'ici à la fin de l'année, 3 300 soldats somaliens auront éte formés, ils constitueront le noyau dur des forces armées somaliennes, explique le général Aherne à Die Welt. Pour ce qui est du transfert à Mogadiscio, le journal relève que Berlin ne prendra aucune décision avant les élections.

Le Mali à l'approche d'une élection risquée

Combattant du MNLA à Kidal, février 2013Image : Reuters

La Bundeswehr est également présente au Mali pour y former des soldats - là aussi c'est dans un cadre européen. Et à l'approche de l'élection présidentielle prévue le 28 juillet, la presse jette aussi un oeil vers le Mali. Exemple l'hebdomadaire der Freitag qui écrit que pour son unité territoriale et étatique le Mali n'a pas besoin de l'armée française, mais d'un nouveau système économique et d'une société civile forte. La contradiction entre les prétentions de l'Etat central et les intérêts de la population locale dévoile le dilemme du Mali, estime le journal. Pour les habitants de Kidal et des environs ( dans le nord du Mali) il n'existe pas d'hôpital en état de fonctionner ni de système scolaire adapté aux besoins de la majorité touarègue. Pour changer cela il faudrait exploiter les réserves de matières premières et les vendre sur le marché mondial. Mais, poursuit le journal, comment le faire dans l'intérêt général alors qu'un gouvernement central autoritaire conclut avec des trusts internationaux des contrats sur des concessions d'exploitation dont la population locale ignore tout.

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