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L'EIGS peut-il instaurer un califat au Sahel ?

15 janvier 2020

L’Etat islamique (EIGS) dans le grand Sahara est considéré au sommet de Pau comme la cible principale dans la lutte contre le djihadisme dans le Sahel. Celui-ci chercherait à créer un territoire sous son contrôle.

L'opération Barkhane a été mise en place le 1er août 2014
L'opération Barkhane a été mise en place le 1er août 2014Image : picture-alliance/dpa/P. de Poulpiquet

"Les Etats contrôlent à peine leurs frontières"- (Matthias Basedau, expert)

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La zone du Liptako-Gourma enregistre depuis novembre une multiplication des attaques. D'aprés les bilans communiqués par les Etats eux-mêmes, ce sont près de 300 militaires qui ont été tués depuis le mois de novembre 2019.

Des attaques quasiment toutes revendiquées par l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS).

Matthias Basedau dirige le centre Giga pour les études africaines à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne. La situation dit-il, est "telle que les Etats sont faibles et contrôlent à peine leurs frontières et leur territoire. Et le territoire est très vaste. Cela permet à des islamistes originaires surtout du nord de l'Afrique, précisément d'Algérie ou de Libye, de s'y installer".

 

L'existence éphémère du califat de la milice Etat islamique en Irak et en Syrie a provoqué de nombreux déplacésImage : Getty Images/C. McGrath

Califat ?

Plusieurs experts ont analysé les objectifs que viserait l'EIGS et leurs opinions sont parfois contradictoires. Pour André Bourgeot, un spécialiste du Sahel, "la cible privilégiée étant les frontières, cela paraît très clair. On s'attaque aux frontières pour pouvoir instaurer le califat. Et le califat ne peut pas supporter un Etat nation ou un Etat unitaire".

Mais cette thèse est contestée par Matthias Basedau. Celui-ci pense que l'EIGS n'est pas encore aussi puissant pour réussir à mettre en place un tel projet au Sahel.

Un autre expert joint en Tunisie, Alaya Allani, partage également la crainte de l'instauration d'un califat. Mais un califat virtuel dit-il, différent du califat qui a échoué en Irak et en Syrie et qui joue son existence en étant lié "à l'internet, lié aux réseaux sociaux. Ça peut ne pas poser de problèmes pour ces mouvements terroristes".

Ne pas surestimer l'EIGS

Quant à Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel pour International Crisis Group, il met en garde contre toute fixation sur l'EIGS qui consisterait à le faire passer pour le seul groupe à vaincre.

Il est rejoint par André Bourgeot pour qui l'élimination d'Abou Walid Al Saharoui et son groupe ne marquera pas la fin du terrorisme au Sahel. 

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