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L'Afrique retrouve une place dans l'agenda américain

Daniel Pelz | Sandrine Blanchard | Adrian Kriesch | Uta Steinwehr | Marco Wolter
29 avril 2021

Joe Biden avait proclamé le retour de l’Amérique dans le monde. Et c'est notamment le cas en Afrique.

Joe Biden s'est adressé aux deux chambres du Congrès réunies pour faire le bilan de ses 100 jours et présenter son plan pour l'avenir
Image : Melina Mara/Getty Images

Les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique auront été au plus bas pendant les années Trump, avec un président ignorant tout simplement le continent et traitant les pays africains de "pays de merde".

Les 100 premiers jours de Joe Biden témoignent déjà d’un changement d’attitude. Dès son entrée en fonction, le président américain avait aussitôt levé les interdictions d’entrée sur le territoire américain qui concernaient une série de pays africains.

Christian von Soest travaille à l’Institut de sciences sociales allemand GIGA. Selon lui, "Joe Biden a promis une relation respectueuse et je pense que cette décision est un changement déterminant qui a immédiatement montré que la rhétorique et le ton utilisé envers l’Afrique a changé sous la nouvelle administration."

Représentant spécial pour la Corne de l'Afrique

Joe Biden a proclamé le retour de l’Amérique dans le monde. Sur la scène africaine, la nouvelle Maison Blanche a dénoncé le conflit au Tigré. Un "désastre humanitaire" a dit Anthony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, qui vient d’annoncer une visite prochaine de son tout nouveau représentant spécial pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman.

En matière sécuritaire, pour Christian Von Soest, "les piliers du programme américain en Afrique vont rester debout, à travers des conseillers militaires et des missions de formation pour soutenir les armées africaines. On le voit au Mozambique", où Joe Biden a promis d’envoyer des formateurs dans la lutte contre l’insurrection djihadiste.

Le diplomate Jeffrey Feltman est le nouveau représentant spécial américain pour la Corne de l'AfriqueImage : Getty Images/AFP/R. Arboleda

Pour Vanda Felbab-Brown du think thank Brookings, cette main tendue au Mozambique, combiné au retrait américain en Afghanistan, peut être vue comme un glissement de la lutte contre le terrorisme vers l’Afrique. Elle rappelle que "il y a à peine quelques semaines, l’administration Biden a inscrit deux nouveaux groupes dans sa liste des groupes terroristes."

Ces groupes sont les shebabs au Mozambique et les miliciens ADF en République démocratique du Congo.

Joe Biden s'est adressé aux deux chambres du Congrès réunies pour faire le bilan de ses 100 jours et présenter son plan pour l'avenirImage : Doug Mills/Pool/Getty Images

Crainte du retour d'une Amérique impérialiste

L’experte s’attend aussi à un retour américain au-delà des questions sécuritaires, comme avec la construction d’infrastructures et le développement des systèmes de santé, ou encore le soutien à la création de la zone de libre-échange africaine, le tout dans un contexte de concurrence avec la Chine.

Anthony Blinken a d’ailleurs fait son premier déplacement virtuel en Afrique mardi dernier (27.04.21), avec des rencontres en ligne au Nigeria et au Kenya. Il a notamment salué la jeunesse du continent, forte de "nouvelles perspectives et de nouvelle idées".

L’Afrique, elle, demande à voir.

A (ré)écouter : "Biden c'est un retour à l'Amérique impérialiste en Afrique"

Car certains spécialistes africains se gardent bien de faire un bilan avant l’heure. Pour l’Ivoirien Gnaka Lagoke de l’Université Lincoln de Philadelphie, "avec Biden, nous pourrions revenir à une situation normale avec une Amérique impérialiste, qui est en mesure de démarrer des guerres pour défendre ses intérêts."

Car si Donald Trump n’a démarré aucune guerre en Afrique, Joe Biden a en effet été vice-président pendant la guerre en Libye en 2011.

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