1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Présidentielle au Burundi : scepticisme des exilés

Inès Gakiza
12 mai 2020

À un peu plus d'une semaine de la présidentielle, les Burundais exilés à Kigali sont méfiants. La plupart ne croit pas en un prochain changement de régime malgré l'envie et les appels de nombreux citoyens en ce sens.

Parlamentswahlen in Burundi
Image : picture-alliance/AP Photo/G. Ngingo

Pour certains politiques, observateurs ou simples citoyens en exil, les foules derrière le principal opposant Agathon Rwasa, prouvent que les Burundais désirent un changement. Qu’ils osent le manifester en risquant leur vie.
Mais beaucoup craignent que le régime en place fasse tout pour éviter ce changement. Et que cela dégénère. C'est en tous cas ce qu'estime Emmanuel Ndereyimana, secrétaire exécutif du parti UPD Zigamibanga réfugié à Kigali depuis 2015.

"Malgré les mécanismes d’oppression mis en place pour effrayer et décourager le peuple qui aspire au changement, malgré les arrestations et emprisonnements arbitraires des membres du parti CNL, parti favorable pour remporter ces élections, le peuple n’est pas découragé. D’où les foules immenses à chaque meeting de M. Agathon Rwasa", explique Emmanuel Ndereyimana.

Il craint un "chaos total quand le parti organisateur de ces élections va se déclarer vainqueur". Comme celui-ci ne peut pas accepter de les perdre.

Evariste Ndayishimiye, secrétaire général du parti au pouvoir s'adressant aux délégués de son part après avoir été choisi candidat pour la présidentielle du 20 mai.Image : Reuters/E. Ngendakumana

Les scénarios...
Jeune universitaire, Jean Paul Mugisha se veut moins pessimiste que les politiques. Il imagine deux scénarios pour le scrutin. Soit le CNDD-FDD garde le pouvoir et il y a peu d’espoir qu’il y ait une amélioration de la situation ; soit le vote sanction et l'opposition l’emportent. Dans ce cas l’universitaire explique que ça pourrait être bénéfique aux Burundais, à condition que le nouveau président tende la main aux exclus de ce processus électoral.

"S’il y a la continuité c’est le CNDD-FDD qui sera déclaré vainqueur, il y aura le statu quo", craint le jeune universitaire.

 "Et si par exemple les Burundais vont demain voter massivement et qu’ils votent pour le principal challenger au régime en place; c’est un changement qui s’annonce dans le sens où si, et seulement si, Rwasa aussitôt déclaré président tend la main à l’opposition, aux exclus du processus électoral actuel", dit-il pour conclure.

Le challenger d'Evariste Ndayishimiye, Agathon Rwasa, candidat du CNL.Image : E. Ngendakumana

L'épreuve de vérité ou de force?

Mais ce scénario n'est pas celui que privilégient de nombreux exilés, même s'ils l'appellent de leurs vœux. Fréderic Niyongabo, un Burundais exilé pour des raisons de sécurité au Rwanda depuis 2015 ne pensent d'ailleurs même pas pouvoir rentrer suite à la présidentielle. Des élections sans observateurs internationaux n’inspirent pas confiance à ce citoyen burundais.

"Ces élections ne sont pas rassurantes surtout qu’une partie de burundais dont des politiciens est en exil". 

Pour Fréderic Niyongabo, "des élections sans observateurs internationaux ne seront pas transparentes. Elles sont même organisées dans un contexte de climat tendu, d’intolérance politique. Qu’apporter à tous les Burundais si tu ne peux même pas supporter ton opposant politique ?"

Cette semaine est la troisième et dernière de la campagne électorale. Les deux premières ont été marquées par plusieurs violations liées à l’intolérance dont des assassinats entre militants du parti au pouvoir, le CNDD FDD et ceux du principal opposant, le CNL.